Les stèles hermaïques sont des représentations grossières du dieu Hermès. Leurs particularités? Elles sont composées uniquement d’un buste représentant le dieu Hermès ainsi que des attributs masculins. Elles sont à l’origine d’un grand scandale politique à Athènes à l’époque antique.

Ces colonnes représentant le Dieu Hermès orné d’appareils génitaux masculins attisent la curiosité des visiteurs des musées dans lesquels elles se trouvent. Le musée de l’Agora antique d’Athènes en possède une large collection. Ces stèles provocantes représentant le Dieu Hermès semblent à première vue sans importance. Pourtant, elles sont au cœur d’un scandale politique et religieux qui secoue Athènes en -415 en pleine guerre du Péloponnèse. De grandes personnalités de l’époque comme Alcibiade y sont mêlées.

Des statues sexualisées représentant Hermès

Selon la mythologie grecque, Hermès est issu du viol  de Maïa, la fille du titan Atlas, par Zeus. Selon certains historiens, cela explique pourquoi les statues hermaïques sont ornées d’un phallus. C’est le messager des dieux, il apporte la chance et est désigné comme le gardien des routes et des carrefours. Il aurait de nombreuses autres fonctions et attributs, mais ce sont celles-ci qui pourraient expliquer pourquoi  les Athéniens les ont dispersés partout dans la ville. Chaque carrefour, route et tribut avait sa propre stèle Hermaïque.

Les stèles Hermaïques, des panneaux de signalisation?

Les stèles hermaïques sont-elles des panneaux de signalisation antiques? Interrogé à ce sujet par Grèce Hebdo, Jérémie Immormino, spécialiste français de la Grèce antique en master à l’université d’Aix-Marseille ne les désigne pas ainsi.

«Les stèles hermaïques ne peuvent être désignées ainsi, leurs fonctions sont religieuses avant d’être signalétiques. Par exemple, les stèles romaines dispersées au bord des routes sont de vrais panneaux de signalisation antique. D’où l’ampleur de l’affaire des hermocopides.  Ce ne sont pas de simples panneaux indiquant les carrefours qui ont été profanés, mais des représentations du dieu Hermès auxquelles chaque tribut était attaché. « Copide » signifiant brisé en grec ancien »

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L’affaire des Hermocopides

On trouve des stèles hermaïques un peu partout dans Athènes. En 415 av. J.-C. les bustes d’Hermès et les phallus les accompagnant sont mutilés quelques jours avant le départ pour l’expédition en Sicile. Le scandale prend rapidement une ampleur inédite et conséquente pour l’époque. Ces statues ne délimitent pas seulement les carrefours et territoire de la ville, mais les sanctifient aussi. On pense au début à un complot interne à la cité, visant à saboter le départ de cette expédition. Beaucoup de citoyens voient aussi ici une tentative de renversement de la démocratie. Des primes sont promues pour toute délation de personnes ou d’événement ayant un rapport avec ce crime. Un esclave dénonce alors Alcibiade comme ayant participé à la parodie des mystères d’Éleusis. Alors qu’’il n’était pas lié au scandale des Hermocopides, ses ennemis mêlent les deux affaires. Plus tard, un nommé Dioclidas dit avoir reconnu Alcibiade parmi 42 autres citoyens en vues à Athènes. L’heure est grave et l’État d’alerte est dénoncé.

Un nommé Dioclidas rapporte avoir vu un attroupement d’environ 300 personnes, réparties en petits groupes, et en avoir reconnu 42, parmi lesquels certains des citoyens les plus en vue d’Athènes. L’état d’alerte est décrété, des individus inquiétés s’enfuient pendant que le peuple prend les armes et arrête ceux qui n’ont pu s’enfuir. Les magistrats de la ville décident de juger Alcibiade avant son arrivée en Sicile. Il ne revient pas à Athènes et trouve refuge à Sparte en tant que conseiller.

 

 

Par Loïc Bremme

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