Comment la photographie a-t-elle attrapé la représentation du réel à ses débuts ? Quel rôle l’Intelligence Artificielle joue-t-elle dans la construction de notre perception du monde ? De quelles manières se relie-t-elle au Patrimoine Culturel ? Enfin, quelle est la valeur de la photographie d’archives dans ce processus ?

Ces questions constituent les axes de l’exposition Thessaloniki AI : Réalités Iconiques (15 octobre-31 décembre 2025) qui rassemble des photographies rares de Thessalonique des XIXᵉ et XXᵉ siècles, issues des archives du Musée Kalemkeri, enrichies par des applications contemporaines de l’Intelligence Artificielle.

La restauration et la recréation d’images anciennes au moyen de l’IA génèrent de nouveaux imaginaires, sensations et récits et Thessalonique se colore, s’anime, respire à nouveau, selon le communique de Presse de l’exposition, organisée par le Ministère de la Culture, la Municipalité de Kalamaria et le Musée Photographique « Christos Kalemkeris ».

Grâce à l’IA, la réalité représentée s’intensifie et le visiteur est invité à une immersion sensible dans la Thessalonique du début du XXᵉ siècle.

Présentée du 15 octobre au 31 décembre 2025 au Musée de la Culture Byzantine, l’exposition propose un dialogue inédit entre art, technologie et réalité.

Parmi les 50 000 photographies exposées, environ 1 000 ont été sélectionnées et réanimées numériquement pour offrir une traversée sensible de la ville. Le visiteur peut « marcher » dans l’Egnatia d’hier, « voir » le tram rouler en bord de mer, « rencontrer » des visages effacés par le temps.

Thessaloniki AI : Réalités Iconiques n’est pas une simple exposition photographique, mais une proposition : relire l’histoire avec un regard neuf et questionner l’impact de la technologie sur la mémoire collective.

La Maire de Kalamaria, Chryssa Arapoglou, souligne la pertinence de ces enjeux dans une époque où les frontières entre réel et artificiel se brouillent. Mélanger archives et réalité virtuelle devient un acte critique, presque provocateur, mais fertile en réflexion.

Selon le président du musée, Pavlos Kalemkeris, l’exposition démontre la capacité d’un musée public à rayonner nationalement et internationalement. Le patrimoine n’est pas qu’un souvenir — il se prolonge, s’actualise et se transmet.

La muséologue et commissaire Kalliopi Valtopoulou précise que l’enjeu n’est pas la chronologie, mais l’émotion : le visiteur devient acteur, marcheur, témoin. L’architecte et muséologue Thomas Tsoukalas ajoute que l’exposition joue consciemment avec les couches de réalité, affirmant que la technologie doit soutenir la mémoire plutôt que la remplacer.

L’exposition se compose de quatre sections thématiques, qui guident le public depuis la « Réalité Mise en Scène », jusqu’à la « Nouvelle Réalité », en passant par des zones d’ambiguïté visuelle. Le parcours se clôt sur les archives brutes, lieu où la mémoire retrouve son authenticité et où les images redeviennent sources.

L’imaginaire méditerranéen, de la France en Grèce: constructions politiques, savantes, et littéraires
Fred Boissonnas et l’image de la Grèce: la photographie comme mécanisme de propagande
Victor Bérard et Frédéric Boissonnas sur les traces d’Ulysse: du mythe à la photographie
Les premières photographies couleur de la Grèce, une histoire française: les Archives de la Planète d’Albert Kahn (1913-1927)
Eli Lotar | Le regard d’un photographe pénétrant sur la Grèce des années 1930
Mary Paraskeva (1882-1951), une amateure et talentueuse photographe grecque de la bourgeoisie du début du 20e siècle
La genèse de la photographie en Grèce: une histoire plutôt greco-française
Takis Tloupas, « Les photographies d’une vie » : 100 ans de sa naissance
Voula Papaioannou (1898-1990), la photographe qui a immortalisé l’horreur de la Seconde Guerre mondiale à Athènes

M.V.

TAGS: Culture | expo | Grèce | photo