Une sélection de nouvelles écrites par neuf auteures grecques a été publiée par les éditions “Le miel des anges” sous le titre inventif Elles sont neuf!. Le but consiste à présenter de nouveau ce genre littéraire, la nouvelle, à un public francophone qui semble l’ignorer malgré le fait que la littérature grecque compte un grand nombre d’écrivains et d’écrivaines qui excellent dans ce domaine et sont dignes d’intérêt. 
 
Eleonòra Stathopoùlou, Èva Stàmou, Dìmitra Louka, Loukìa Dèrvi, Natàssa Sìderi, Marìa A. Ioànnou, Stèryia Kàvallou, Ànna Grìva, Vìvian Steryìou. Neuf écrivaines, autant que les Muses. On peut donc se demander pourquoi l’anthologie ne présente que des femmes écrivains. Comme l’explique Hélène Zervas qui a traduit le livre avec Michel Volkovitch, « il ne s’agissait ni de définir une écriture féminine, ni de défendre une identité féminine dans un genre où les femmes ont depuis longtemps conquis leur place. Si une réponse ne peut être donnée avec une certitude absolue, elle relève plutôt de notre volonté de présenter l’anthologie à des lectrices aimant lire des textes des femmes ». Quant aux auteures sélectionnées, « elles ont été choisies selon certains critères : nous connaissions déjà certaines par leurs ouvrages antécédents, tandis que pour d’autres nous avons eu recours à des articles et des critiques littéraires. Quant aux textes, assez récents dans leur majorité (le plus ancien texte est créé en 2004), on laisse les auteurs choisir eux-mêmes ».
 
Les neuf écrivaines sélectionnées montrent une variété remarquable. D’abord en termes d’âge : près de quarante ans séparent l’aînée de la benjamine. Il en va de même pour les thèmes qu’ils abordent, ainsi que pour l’atmosphère qui règne dans leurs textes. Pourtant, force est de constater qu’à l’exception de quelques scènes qui se déroulent en dehors de la Grèce, la patrie reste un point central dans la plupart des cas. Il faut aussi noter que la famille, comme c’est toujours le cas en Grèce, occupe souvent le premier plan. Les féministes noteront, à juste titre, le retour fréquent ici de la figure de l’homme (père, mari, amant) absent ou défaillant… 
 
Ce qui est frappant, c’est qu’aujourd’hui encore, même chez les plus jeunes écrivains, l’histoire grecque récente reste omniprésente — l’occupation allemande, la guerre civile qui a suivi, la dictature, la pauvreté — « un passé qui ne passe pas, avec aussi le souvenir si vivace de la Grèce campagnarde d’hier, surtout connue désormais par les récits familiaux, inépuisable réservoir d’histoires. Et l’on vérifiera en passant que la Grèce, décidément, est l’un des pays où l’on parle le plus avec les morts… », comme le dit si bien Hélène Zervas.
 
** “Le miel des anges” est une maison d’édition fondée en octobre 2013 qui travaille à faire connaître les auteurs grecs d’aujourd’hui au public francophone. Il publie en priorité ce qui effraie la plupart des autres éditeurs : de la poésie bien sûr, des nouvelles et du théâtre.
 
“Le miel des anges” est soutenu par l’Institut français de Grèce, la Stavros Niarchos Foundation, La Fondation Onassis, les Nuits de Fourvière, le ministère de l’Éducation et de la Culture de Chypre, le Centre culturel hellénique, la Fondation Kostas & Eleni Ouranis et le Centre national du livre. **
 
Source principale du texte: Reading Greece / Greek News Agenda
 
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