A l’occasion d’une exposition au Musée national d’art contemporain d’Athènes (EMST), GrèceHebdo rend hommage à Chryssa Romanos (1931-2004), une artiste de renommé internationale, qui a vécu en France pour une vingtaine d’années.

De décembre 2023 à janvier 2025, le Musée national d’art contemporain d’Athènes (ΕΜΣΤ) célèbre l’art féminin avec une série d’expositions mettant à l’honneur plusieurs artistes d’avant-garde, sous le titre générique Et si les femmes dirigeaient le monde ?

Entre autres, jusqu’au 15 décembre 2024, on a l’occasion de voir les œuvres uniques de Chryssa Romanos (1931-2004), une artiste grecque au rayonnement international qui a marqué la scène artistique française dans les années 1960.

Chryssa Romanos, Installation, photo: Paris Tavitian. Source: The Search for Happiness for as Many as Possible, EMST, 2024

Née à Athènes en 1931, Romanos a étudié à l’École des beaux-arts d’Athènes sous la direction d’A. Georgiadis et de Y. Moralis. Elle présente sa première exposition personnelle à Athènes en 1960 (Zygos). En 1961, elle part pour Paris grâce à une bourse (Fondation des Bourses d’État), où elle s’installera pendant 20 ans, avant de revenir en Grèce en 1981.

Son orientation précoce vers l’abstraction révèle sa tendance à se détacher des formes traditionnelles, à la recherche d’un langage artistique personnel.

Au début, elle explore l’écriture automatique et le geste. Au cours de son séjour à Paris, elle a l’occasion de se familiariser avec différents médias d’expression d’avant-garde, dans la lignée des artistes des années 60. C’est là où se trouve aussi son future mari, l’artiste Nikos Kessanlis (1930-2004).

Inspirée par les Nouveaux Réalistes, le groupe artistique d’avant-garde fondé en 1960 par le peintre Yves Klein et le critique d’art Pierre Restany, Romanos commence à utiliser des techniques telles que le photomontage et le collage, en utilisant des images de la culture de masse ou des photos imprimées, souvent modifiées ou fragmentées, ainsi que des manuscrits, des textes imprimés et des symboles (Labyrinthes, Horoscopes, Casinos, Reportages, Cartes).

Le contenu de ses œuvres est intensément critique, mais son style expressif est plus poétique que rationnel. Il en va de même pour ses structures tridimensionnelles (Meccano), qui font allusion à une architecture utopique ludique, ainsi que pour ses dernières œuvres, dans lesquelles elle utilise la technique du décollage sur plexiglas.

Au fils des années, elle présente son travail en participant à de nombreuses expositions collectives et internationales, notamment la Biennale des Jeunes Artistes (Paris, 1961) ; la Biennale de la Gravure (Ljubljana, 1961) ; la Biennale de São Paulo (1965, 1994) ; La Biennale de Venise (1976 dans le cadre du Projetto Arcevia) ; et la Biennale d’Istanbul (1997), ainsi que divers Salons de Paris (1967- 1980), Europalia (Belgique, 1982). En Grèce, elle présente des expositions personnelles à la galerie « Desmos » (1981) et à l’Institut français de Thessalonique (1986), parmi autres.

Elle est décédée à Athènes en 2006. En 2014, la galerie Kalfayan a organisé l’exposition hommage Chryssa + Chrysa, présentant en tandem les œuvres de Chrysa Romanos et de Chryssa (Vardea).

L’exposition The Search for Happiness for as Many as Possible  (La recherche du bonheur pour le plus grand nombre) offre un aperçu du parcours artistique de Chryssa Romanos visant également à placer son travail dans un contexte historique, politique et social. Le titre, inspiré d’un texte de Pierre Restany, souligne les dimensions émotionnelles et politiques de l’œuvre de Romanos, rappelant que l’art et la vie sont fondamentalement inséparables. L’exposition met en lumière la façon dont Romanos aborde les questions sociales et politiques, en mettant l’accent sur la démocratisation de l’art et sa fusion avec la vie quotidienne.

Danil (1924-2008) : un artiste d’avant-garde entre la Grèce et la France
Peintres grecs: Nikos Kessanlis, torrentueux et audacieux
Peintres grecs: Yiannis Moralis

A regarder: Vidéo, EMST/ What if Women Ruled the World?, ERT, 2024

M.V.

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