La très belle île de Chios est réputée dans le monde pour un bon nombre de raisons. Tout d’abord comme lieu de naissance d’Homère, du grand poète de l’Antiquité, mais aussi à cause du grand massacre de Chios perpétré par les Ottomans, en avril 1822, un épisode décisif de la guerre de l’Indépendance grecque, qui a eu comme résultat la mort de 25 000 Grecs, tandis que 45 000 autres étaient réduits à l’esclavage. Chios est aussi bien connue, depuis l’Antiquité, pour ses arbres qui pleurent, avec des larmes cristallines, très pures, le fameux mastic (mastiha) de Chios.
Un nouveau musée extraordinaire, consacré à la culture de cet arbre aux larmes, vient d’être inauguré, le samedi 11 juin. Il est situé dans un coin ravissant, près de Pyrghi l’un des villages de la région de Mastichochoria, au Sud de l’île, qui garde son caractère médiéval inaltérable. Entouré par un terrain de 12 acres où prolifèrent les arbres au mastic, le bâtiment majestueux construit de pierre, de bois et de verre est bien adapté au paysage simple et paisible de l’île. L’intérieur et l’extérieur se trouvent en contact continu, ce qui permet un voyage à travers le temps, l’histoire, la culture, la présence humaine et les rapports sociaux, qui ont donné naissance depuis l’Antiquité à ce produit singulier. La variété chia de l’Arbre au mastic ou Pistachier lentisque de l’île de Chios dont les qualités sont depuis longtemps connues et reconnues.
Le mastic est l’extrait d’un arbuste de la famille des pistachiers, tiré de la résine du lentisque. Il est employé en pâtisserie, en confiserie, en cosmétique, pour les encens, dans le domaine des beaux-arts et pour la fabrication de liqueurs. Mais il est surtout connu comme une gomme naturelle obtenue par incision répétée des tiges. De ces entailles s’écoule peu à peu « les larmes », une oléorésine qui se transforme en grains de mastic.
Le mastic de Chios est aussi reconnu depuis récemment comme un médicament par l’Union européenne. A partir de 2015, il est considéré officiellement comme un médicament naturel par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA). Le Comité pour les Médicaments à base de Plantes (HMPC) de l’EMA a voté à l’unanimité pour l’incorporation de la mastiha de Chios dans la catégorie des médicaments à base de plantes traditionnelles, avec deux indications thérapeutiques, pour les problèmes digestifs et contre l’inflammation de la peau. Il permet en effet la cicatrisation des plaies dermiques.
On doit rappeler que le savoir-faire de la culture du mastiha de l’île de Chios est inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO en 2014. Selon la déclaration de l’institution du patrimoine «sa culture constitue une occupation familiale qui exige des soins laborieux tout au long de l’année par les hommes et les femmes de tout âge qui participent, à égale mesure, aux différentes étapes ». Il ajoute aussi, entre autre que «la culture du mastiha représente un fait social global, autour duquel se sont tissés des réseaux d’entraide et d’alliance. Ces pratiques collectives offrent également l’occasion de perpétuer la mémoire collective, par la narration de vieux contes et histoires ».
Le musée reste ouvert pendant toute l’année. Du 1er mars au 15 octobre, de 10 :00 à 18 :00 et du 16 octobre au 28 février de 10 :00 à 17 :00. Il est fermé les lundis et au cours de certains jours fériés.
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