Changement de page politique en Grèce. Pour la première fois au cours de l’histoire contemporaine grecque un parti de la gauche radicale (SYRIZA) arrive au pouvoir. Il s’agit donc d’une victoire historique qui s’inscrit dans une mutation spectaculaire de l’échiquier politique grec dans son ensemble. Cette mutation- qui a mis fin au bipartisme triomphant pendant des décennies de la Nouvelle Démocratie et du Pasok- survient à la suite des memorandums signés par le pays avec ses créanciers internationaux après 2010.
Plus précisèment, en ce qui concerne les legislatives de dimanche dernier, SYRIZA -le parti d’Alexis Tsipras qui a pu réunir des anciens eurocommunistes, communistes et des gens qui ont quitté ces dernières années le PASOK- a recueilli 36,34 des suffrages et doublé son nombre de députés par rapport aux précédentes élections législatives du 17 juin 2012 (149, + 78).
La Nouvelle Démocratie– le grand parti historique de la droite créé par Constantinos Karamanlis-a obtenu sous la conduite du premier ministre Antonis Samaras 27,81% des voix et 76 sièges (- 53 par rapport aux dernières legislatives).
L’Aube Dorée-parti d’extrême droite néonazie dont nombreux membres sont incarcérés- demeure à la troisième position comme aux élections européennes avec 6,28% des suffrages et 17 sièges (-1). Il est suivi par To Potami (La rivière), parti libéral de Stavros Theodorakis, qui a obtenu 6,05% des voix et 17 députés. Le Parti communiste (KKE) a recueilli 5,47% des suffrages et 15 sièges (+ 3). Le Parti des Grecs indépendants (ANEL), parti de droite jugée populiste voire nationaliste de Panos Kammenos, a obtenu 4,75% des voix et 13 sièges (- 7). Enfin, le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) conduit par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères sortant, Evangelos Venizelos, est en déroute : il a obtenu 4,68% des voix et 13 sièges (- 20), ce qui marque une défaite historique par le parti fondé en 1974 par Andreas Papandreou. Le Mouvement des socialistes démocrates (KIDISO), parti créé le 2 janvier dernier par l’ancien Premier ministre (2009-2011) Georges Papandréou, n’est pas parvenu à franchir le seuil de 3% des suffrages obligatoires pour être représenté à l’Assemblée Nationale.
La participation a été légèrement supérieure à celle enregistrée lors des précédentes élections législatives du 17 juin 2012 : elle s’est élevée à 63,87% (+ 1,38 point).
Toutefois un nouveau bipartisme ne s’impose pas comme au passé et SYRIZA -malgré ses scores importants ausein des chômeurs, des jeunes et des salariés du public et du privé- n’a pas pu obtenir le nombre exigé des 151 députés pour accèder à la majorité absolue. Une coalition gouvernementale s’est formée en regroupant SYRIZA et Le Parti des Grecs indépendants (ANEL). Certains analystes parlent d’une alliance «contre-nature» entre la gauche radicale et la droite “souverainiste”. D’autres insistent sur le clivage «pour ou contre memorandum» qui prend le pas sur le clivage traditionnel «droite-gauche». Quoi qu’il en soit, la Grèce reste au cœur de l’intérêt européen tant pour son changement politique que pour les négociations à venir avec ses partenaires européens.