Jean Psichari (1854-1929), écrivain, linguiste et professeur d’origine grecque, a lié son nom à la question linguistique grecque qui a fait débat pendant les 19eme et 20eme siècles.
Né à Odessa, en Ukraine, il s’installe à Marseille à l’âge de 14 ans et par la suite se dirige vers Paris, où il passe la majeure partie de sa vie. Il fait des études de littérature et de linguistique à l’École pratique des hautes études, mais plus tard, influencé par Ernest Renan, il se tourne vers les lettres grecques. En 1885, il devient professeur de philologie byzantine et néo-grecque à l’École pratique des hautes études et, dès 1904, il enseigne le grec moderne à l’École des langues orientales. Psichari joint aussi le camp dreyfusard et devient l’un des fondateurs de la Ligue des droits de l’homme (LDH) en 1898.
En tant que professeur et érudit, il s’engage activement tout au long de sa vie dans le débat autour de la question linguistique grecque. La controverse qui existait à l’époque en Grèce opposait les partisans de l’adoption de la langue parlée par le peuple (la démotique) comme langue officielle de l’Etat grec, à ceux qui défendaient une langue savante, «purifiée» des influences étrangères et contenant des formes archaïques (la catharévoussa).
Etant l’un des plus fervents défenseurs de la langue vernaculaire, Psichari compose des romans et des essais en grec courant, contribuant ainsi à sa promotion. Il travaille sur les lois qui régissent cette langue et son évolution («Essais de grammaire historique néo-grecque»,1884, «Études de philologie néo-grecque»,1892) et il explore sa richesse à travers ses recherches linguistiques et son voyage en Grèce en 1886, qui est une source d’inspiration pour son œuvre la plus connue, «Mon voyage» (1888). Publié en France, cet ouvrage est le texte-manifeste du démoticisme. Plus tard, son recueil «Autour de la Grèce» (1897) est couronné par l’Académie Française.
Pour les intellectuels grecs dits progressistes de l’époque, adeptes de la langue populaire, son œuvre met en évidence la connexion étroite entre la démotique et le processus de la formation de l’identité nationale au sein du nouvel Etat grec.
Sa passion pour la langue parlée lui gagne des disciples en Grèce, où il devient un nom de référence dans les milieux intellectuels, considéré comme le chef d’une nouvelle école littéraire. Sa riche bibliothèque se trouve réunie à la Bibliothèque du Parlement hellénique.
Ι.Κ
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