I. Histoire
Clara Zetkin (1857- 1933), communiste et féministe allemande, appelée à participer à la préparation de la
Deuxième Internationale ouvrière qui se déroule à Paris en juillet
1889 prononce son discours: « Pour la libération de la femme ».
Photo : Clara Zetkin s’adresse à la foule lors d’un rassemblement communiste en Allemagne en 1925 © Mary Evans/Rue des Archives
Une première Journée nationale de la femme (« National Woman’s Day ») a lieu le 28 février 1909 à l’appel du Parti socialiste d’Amérique suite à une suggestion de Theresa Malkiel (1874-1949). Cette journée est ensuite célébrée le dernier dimanche de février jusqu’en 1913.
Alexandra Kollontaï (à gauche) et Theresa Malkiel [Source: Wikipedia]
En
1910 à Copenhague, la conférence internationale des femmes socialistes, adopte l’idée d’une « Journée internationale des femmes » sur une proposition de Clara Zetkin (Parti social-démocrate d’Allemagne) et
Alexandra Kollontaï (1872-1952,
menchevik du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, future commissaire du Peuple), sans qu’une date ne soit avancée.
Conférence internationale des femmes socialistes – Copenhague 1910.
La première Journée internationale des femmes est célébrée l’année suivante, le 19 mars 1911, pour revendiquer le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. En Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, plus d’un million de personnes participent aux rassemblements. La date, selon une étude, n’est pas choisie au hasard puisque la social-démocratie allemande commémorait à cette date deux événements : la révolution allemande de Berlin en 1848, et la Commune de Pari s (1871) – et tous les ans en mars, bien avant 1911, le journal Die Gleichheit appelait les femmes à se joindre aux manifestations prévues.
Le 25 mars 1911 un incendie dans un atelier textile du Triangle Shirtwaist à New York tue 140 ouvrières, dont une majorité d’immigrantes italiennes et juives d’Europe de l’Est enfermées à l’intérieur de l’usine. Cette tragédie, liée à l’exploitation des femmes ouvrières, a un fort retentissement et est commémorée par la suite lors des Journées internationales des femmes qui font alors le lien entre lutte des femmes et mouvement ouvrier.
L’atelier textile de Triangle Shirtwaist à New York.
En
1917, en Russie, alors que deux millions de soldats sont morts pendant la guerre, des femmes choisissent le dernier dimanche de février pour faire grève et réclamer « du pain et la paix ». Ce dimanche historique tombe le
23 février dans le calendrier julien (alors en vigueur en Russie) et le 8 mars dans le calendrier grégorien : c’est le début de la Révolution russe. Quatre jours plus tard, le tsar abdique et le gouvernement provisoire accorde le droit de vote aux femmes.
C’est en souvenir de cette première manifestation de la Révolution que, le 8 mars 1921, Lénine a décrété la journée « Journée internationale des femmes » (« Международныйженскийдень »). Par la suite, la journée est célébrée dans tout le bloc de l’Est.
Les manifestations de femmes ouvrières qui se déroulent à Petrograd (Saint-Pétersboug) le 23 février 1917 amorcent la révolution russe. Source: CNRS
II. Grèce : aperçu historique (19ème siècle-1952)
Au milieu du XIXe siècle,
les premières revendications féminines en Grèce visent à améliorer la position des femmes par moyen de l’éducation. Les interventions des femmes dans la sphère publique – d’abord sporadiquement puis systématiquement – prennent la forme de publications et d’articles dans les premiers journaux féminins (Kypseli, Thaleia, Eurydice).
Fondé en
1887 par
Kallirhoe Parren, le « Journal de Dames » (en grec : Efimeris ton Kirion) reflète une version plutôt modérée de l’émancipation féminine et aborde les réformes législatives en matière d’éducation, d’emploi et de position des femmes dans la famille.
Callirhoe Parren (1859-1940). Source: Archive de “Lykeion Ellinidon”.
Dans le contexte de ce mouvement initial, les femmes se considèrent égales mais différentes par rapport aux hommes et commencent à explorer les secteurs où elles pourraient – et devraient – développer leurs vertus particulières.
Des téléphonistes grecques en 1917. Source: Archives d’ERT.
Le mouvement gagne du terrain dans l’entre-deux-guerres. Le Conseil national des femmes est né en 1919 au sein de la section grecque du Conseil international des femmes et la Ligue des droits de la femme est née en 1920 en collaboration avec l’Alliance internationale des femmes.
Diverses associations de femmes sont créées au cours de cette période et de nombreuses femmes rejoignent le Parti communiste grec (KKE), ainsi que des groupes socialistes et d’autres groupes de gauche de l’époque. Les femmes exigent maintenant une transformation radicale du cadre institutionnel de l’emploi, de l’éducation, de la famille et de la maternité, ainsi que de la prostitution.
Un décret adopté en 1930 autorisait les femmes à voter aux élections municipales, avec toutefois d’importantes restrictions en termes d’âge et de niveau d’instruction.
Des femmes votant en 1944 aux élections organisées par le Comité politique de libération nationale (PEEA).
Après la Libération, les principales associations de femmes ont repris leurs activités et de nouvelles associations ont été créées conformément à la tradition de l’EAM: l’Union panhellénique des femmes et la Fédération panhellénique des femmes. La paix et la protection des mères et des enfants sont devenues les revendications principales du mouvement des femmes.
À la veille de
la guerre civile (1946-1949), tous les groupes de femmes de gauche ont été déclarés illégaux. Pendant la guerre civile, les femmes étaient présentes sur les deux camps, bien que dans des circonstances différentes. La participation des femmes dans
l’armée démocratique a permis, entre autres, de mettre à l’épreuve normes et stéréotypes sociétaux, ainsi que de démontrer leur persistance.
En 1952, les femmes jouirent de tous les droits politiques. Dans le même temps, la signature du Pacte international des Nations Unies par la Grèce permettait aux femmes d’occuper des postes publics jusqu’alors réservés aux hommes.
Conférence internationale sur les droits des femmes à l’Académie d’Athènes en 1924. Sur le podium Eleni Ourani, issue de la famille Negrepondis, connue sous le pseudonyme Alkis Thrillos Source: Archives d’ERT.
III. Vote des femmes en Europe
Date d’obtention du droit de vote et d’éligibilité pour les femmes au niveau national: la liste ci-dessous [source] donne la date où les femmes ont obtenu le droit de vote et d’éligibilité au niveau national, sans aucunes restrictions. Les femmes grecques obtiennent le droit de vote et d’éligibilité aux élections parlementaires de 1952, tandis que les “femmes érudites” et majeures de 30 ans avaient déjà obtenu le droit de vote aux élections municipales de 1934.
♣ 1906: Finlande.
♣ 1913: Norvège.
♣ 1915: Danemark, Islande.
♣ 1917: Russie.
♣ 1918: Allemagne, Autriche, Estonie, Lettonie, Pologne.
♣ 1919: Luxembourg, Pays-Bas.
♣ 1920: Albanie, Tchécoslovaquie.
♣ 1921: Lituanie, Suède.
♣ 1928: Irlande, Royaume-Uni.
♣ 1934: Turquie.
♣ 1938: Roumanie.
♣ 1944: Bulgarie, France.
♣ 1945: Yougoslavie.
♣ 1946: Italie.
♣ 1947: Malte.
♣ 1948: Belgique (dès 1921 au niveau local)
♣ 1952: Grèce (dès 1934 au niveau local)
♣ 1958: Hongrie.
♣ 1960: Chypre.
♣ 1962: Monaco.
♣ 1971: Suisse.
♣ 1973: Andorre et Saint-Marin.
♣ 1974: Portugal.
♣ 1975: Espagne.
♣ 1984: Liechtenstein.
* Photo de couverture: Des femmes grecques qui travaillent dans une usine de tabac (date inconnue). Source: Kathimerini
Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr
Des femmes travaillant dans une usine qui fabrique des cartes de jeux et des papiers à cigarettes, Corfou, Grèce 1881. Source: Kathimerini
M.V.