Les grandes étapes de l’histoire de la gravure sont présentées dans une grande exposition historique, intitulée “Gravure – De la Préhistoire, à la Grèce d’aujourd’hui” dans la salle “Nikos Kessanlis”, à l’Ecole des Beaux-Arts d’Athènes qui restera ouverte au public en entrée gratuite jusqu’au 18 février 2022. 

L’exposition est développée chronologiquement en mettant en affiche le parcours de l’écriture, du savoir et de l’art de la gravure. Ceci commence par les gravures préhistoriques issues de la Chine, de la France et de la Grèce et remonte à l’antiquité lointaine avec les symboles, les sceaux, les inscriptions, les pierres de sceau des musées archéologiques et historiques de Grèce et de Chypre. Des écrits anciens, des gravures historiques provenant de musées chinois, des gravures européennes du Moyen Âge, de la Renaissance, et de l’impressionnisme, de l’art japonais, ainsi que des lithographies de voyageurs étrangers en Grèce provenant de musées grecs et des peintures sur cuivre du Mont Athos, sont parmi les trésors exposés.

Le parcours se termine avec des œuvres de graveurs grecs, membres de la Chambre des beaux-arts de Grèce. L’expo est complétée par des œuvres contemporaines de graveurs grecs qui témoignent du développement de l’art au sein du pays.

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L.Kogevinas, “Mont Athos”, 1922. Source: Gallerie nationale

L’art de la gravure en Grèce : un bref historique

Pendant les années de domination ottomane, la gravure joue un autre rôle, celui de la communication de l’Église avec la communauté des fidèles. Les “icônes en papier” ou “timbres” sont des gravures avec des représentations religieuses ou des dessins du monastère, réalisés par des moines graveurs du Mont Athos.

Au début du XXe siècle alors que la peinture et la sculpture grecques tentent de s’affranchir de la tradition académique et d’embrasser le modernisme, la gravure grecque revendique son autonomie en tant qu’art, au-delà de son rôle pratique. Ce rôle s’affirme dès le XVe siècle avec le développement de la typographie, faisant de la gravure la première technique de reproduction d’images de masse, désormais accessible à tous.

La gravure grecque en tant qu’art autonome se développe avec les premières expérimentations de jeunes artistes étudiant en Europe et entrant en contact avec une culture de la gravure établie ou avec l’œuvre des maîtres, tels que Dürer. Les premiers artistes qui se consacrent à la gravure sont Lykourgos Kogevinas (1887-1940) et Dimitris Galanis (1879-1966). Surtout ce dernier, qui expose en France avec Picasso et Braque, influencé par les mouvements artistiques dans la capitale française, fait l’expérience de diverses techniques innovantes. La première exposition de Galanis à Athènes en 1928 est le premier contact du public avec la gravure en tant qu’art. Le travail de Galanis devient ainsi une source de référence pour d’autres artistes pour les décennies à venir.

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D. Galanis, “Marseille, le vieux port”, 1935. Source: Gallerie nationale

Un autre nom à retenir est celui de Yannis Kefallinos (1893-1957), nommé professeur de la Gravure à l’Ecole des Beaux-Arts d’ Athènes en 1931. Pendant les 24 années suivantes, Kefallinos, avec une importante formation européenne, fournit ses étudiants avec une méthodologie et un bagage théorique solide. Son atelier devient un lieu de liberté et de créativité. “Kefallinos nous révèle ce qui se passe à Paris, tout ce que nous ignorions totalement à l’époque” raconte plus tard la graveuse importante Vaso Katraki.

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G. Kefallinos, “Lécythe blanc du musée d’Athènes”, 1953-56. Source: Gallerie nationale

Toute la génération suivante de graveurs grecs étudie avec lui : Tassos, Vasso Katraki, Christos Daglis, Costas Grammatopoulos, George Moschos Telemachos Kanthos, Yiannis Moralis, Lambros Orfanos. Au fil les années sombres qui suivent, ses élèves participent à la Résistance à travers leur art, imprimant de la propagande patriotique pendant la guerre et des ouvrages soutenant la lutte pour la liberté pendant l’Occupation allemande.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les artistes prouvent de nouvelles techniques, élargissent leur utilisation des matériaux et leurs sujets, consolidant la gravure comme un moyen d’expression robuste qui répond aux défis de l’époque.

vaso katraki trois filles Vasso Katraki, “Trois filles au balcon”, 1942. Source: Gallerie nationale

 * Image d’introduction: Lykourgos Kogevinas, “Le Mont Athos”, dans “Le Mont Athos”, préface de Charles Diehl. La Belle Édition, Paris 1922. Source: Wikimedia Commons

INFOS PRATIQUES
Dates: 29 décembre 2021- 18 février 2022
Horaires: Lundi-Vendredi 10.00-21.00, Samedi-Dimanche 10.00-16.00
Entrée gratuite 
 
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M.V.