Olympie, située dans une vallée du Péloponnèse, illustre de manière exceptionnelle les anciennes civilisations du Péloponnèse, tant en termes de durée que de qualité. La présence humaine sur le site remonte àl’époque préhistorique ; les cultures helladique moyenne et mycénienne y sont également attestées. 

Le site archéologique 

Le site d’Olympie, dans une vallée du Péloponnèse (plus précisément dans une petite plaine de l’Élide, sur la rive droite de l’Alphée et au pied du Mont Cronion)  fut habité dès la préhistoire, et le culte de Zeus s’y implanta dès le Xe siècle av. J.-C. 

Le sanctuaire de l’Altis – partie consacrée aux dieux – abritait l’une des plus fortes concentrations de chefs-d’œuvre du monde antique. De plus, l’Altis fut le principal sanctuaire grec entre le Xe siècle av. J.-C. et le IVe siècle apr. J.-C., époque durant laquelle le site d’Olympie demeura florissant. 

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Atelier de Phidias, Olympie. Source: Wikimedia Commons

Les Jeux Olympiques

Olympie est directement et concrètement associée à un événement de portée universelle. En plus des temples, on y trouve des vestiges de toutes les installations sportives destinées à la célébration des Jeux Olympiques qui s’y tinrent tous les quatre ans à partir de 776 av. J.-C.

La seule épreuve était alors la course du stade (192 m) ; les premiers participants venaient en voisins d’Élée et de la Messénie. Puis les concours s’enrichirent peu à peu, allant jusqu’à inclure des compétitions musicales et littéraires

Les joutes sportives faisaient partie intégrante de toute grande fête religieuse, dans les cités comme dans les sanctuaires panhelléniques ; ainsi à Delphes. Le renom des fêtes olympiques tient à la puissance de Zeus et à la piété des grandes cités, comme Sparte et Corinthe, puis des souverains hellénistiques, à commencer par Philippe de Macédoine et Alexandre le Grand, et enfin des empereurs romains, parmi lesquels Néron, qui se fit construire une villa à Olympie.

Tout Hellène libre était admis à participer aux épreuves, à condition qu’il n’ait pas commis de crime envers les dieux (assassinat ou sacrilège). 

Les Olympiades – la période de quatre ans entre deux célébrations tous les cinq ans – sont devenues une dimension chronologique et une méthode de datation utilisée dans le monde grec. Toutefois, l’importance des Jeux Olympiques, lors desquels des athlètes originaires de toutes les cités grecques du monde méditerranéen, bénéficiant d’une trêve sacrée de trois mois, étaient réunis pour concourir, prouve par-dessus tout les nobles idéaux de l’humanisme hellénique : compétition pacifique et loyale entre des hommes libres et égaux, prêts à surpasser leur force physique dans un effort suprême, avec pour seule ambition celle de recevoir la récompense symbolique d’une couronne d’olivier. 

La renaissance des Jeux Olympiques en 1896 grâce aux efforts de Pierre de Coubertin (1863-1937) illustre la nature durable de l’idéal de paix, de justice et de progrès, qui est incontestablement la plus précieuse mais également la plus fragile caractéristique du patrimoine de l’humanité. 

Geoff Steven Olympie, Unesco / Geoff Steven

Olympie: les temples de Zeus et d’Héra

Le nom d’Olympie, utilisé pour désigner la vallée boisée dans laquelle se trouve le site, dérive de celui de la montagne sacrée de l’Olympe, résidence de Zeus. Placé sous la protection des villes de Pisa, puis d’Élis, le sanctuaire d’Olympie a joui d’une très grande célébrité au VIIIe siècle av. J.-C., avec les jeux panhelléniques qui s’y déroulaient tous les cinq ans. C’est à partir de 776 que les jeux réunirent régulièrement des athlètes ; plus tard, orateurs, poètes et musiciens vinrent eux aussi y honorer Zeus. 

Le sanctuaire des dieux inclut les ruines de deux temples, celui de Zeus et celui d’Héra. Le temple de Zeus, situé au centre de l’Altis, est le plus grand temple dans le Péloponnèse, considéré par plusieurs comme un exemple parfait de l’architecture dorique. Au bout du temple, se trouvait la statue chryséléphantine de Zeus, l’une des Sept Merveilles du monde antique. 

Selon les chercheurs, le premier Heraion, construit autour de 650 avant J.-C., était un petit temple dorique. Le temple d’Héra a été rénové à plusieurs reprises, et les Romains l’ont transformé en une sorte de musée pour les trésors du sanctuaire, comme le célèbre Hermès de Praxitèle. Le temple est connu pour avoir abrité le disque d’Iphitos sur lequel les articles de la trêve olympique ont été gravés.  

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Le stade, Olympie. Source: UNESCO/ Geoff Steven

Les jeux Héréens: une version de jeux olympiques pour des femmes

Dans le même site, le stade d’Olympie était le lieu où se tenaient les Jeux Olympiques de l’Antiquité et les Héraia, les jeux pour les femmes en l’honneur d’Héra.  Dans la société de la Grèce antique, les femmes sont exclues de toutes les enceintes sacrées et de tous les concours athlétiques. Néanmoins, il existait une manifestation sportive exclusivement féminine : les jeux Héréens. 

Selon une tradition, les Héraia sont créées par Hippodamie, après son mariage avec Pélops, en l’honneur d’Héra; selon une autre version ceux-ci auraient été fondés au VIe siècle avant J.-C. par seize femmes d’Élide qui avaient pacifié la région. 

Les jeux Héréens se déroulaient tous les quatre ans à Olympie, deux semaines après la fin des jeux Olympiques. Ils nous sont connus par Pausanias (Élide, livre V, XVI) : « Les filles peuvent être de tous les âges et courent par catégories : d’abord les plus jeunes, puis les moyennes, enfin les plus âgées. Le terrain mis à leur disposition pour leurs épreuves est le stade olympique, mais on retranche du parcours environ un sixième. Aux gagnantes des épreuves, on donne des couronnes d’olivier et une portion de la vache qu’on a sacrifiée à Héra. » Les concours athlétiques féminins ne comptaient donc qu’une épreuve, la course de cinq sixièmes de stade, soit environ 160 mètres.

Au fil de siècles, les monuments d’Olympie ont exercé une influence considérable. Pour ne mentionner que trois exemples, le temple de Zeus, construit en 470-457 av. J.-C., est le modèle des grands temples doriques érigés dans le sud de l’Italie et en Sicile au cours du Ve siècle ; la Nikê de Péonios, sculptée vers 420 av. J.-C., a exercé une influence si durable sur l’iconographie de la Victoire que l’art néoclassique du XIXe siècle s’en est encore très largement inspirée ; enfin, pour la période romaine, la palestre d’Olympie est certainement la référence typologique de Vitruve dans son traité De architectura

* Photo d’introduction: Olympie, UNESCO/ Geoff Steven 

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M.V