Le Centre culturel de la Fondation Stavros Niarchos en collaboration avec la Fondation Takis — Centre de recherche pour l’art et les sciences, organise une grande exposition de sculptures emblématiques de l’artiste visuel de renommée internationale Takis (Panayiotis Vassilakis, 1925-2019) entre le 23 juin et le 7 novembre 2021.

Les œuvres d’art présentées ici sous le titre “Takis: Cosmos in Motion” comportent les « éoliennes emblématiques, les signaux lumineux d’Archimède » et les feux d’artifice, ainsi que des œuvres représentatives de ses « Musicales », « Mur magnétique / La 4e Dimension », « Spirales », « Tonneaux électriques », Séries “Fleurs” et “Sphères”.

A l’occasion de cette exposition, GreceHebdo.gr rend hommage à Takis, un artiste original.

SNFCC Panos Kokkinias
Expo “Takis: Cosmos in Motion”, Source: SNFCC/Panos Kokkinias

Une vie entre Athènes, Paris, Londres, New York

Panayiotis Vassilakis /Takis (Athènes, 29 octobre 1925 -Athènes, 9 août 2019) est l’une des personnalités les plus importantes de la scène artistique grecque et internationale. Pionnier de l’art cinétique, Takis a déployé son talent artistique après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Au cours d’une carrière de 70 ans à Athènes, Paris, Londres et New York, Takis  a créé certaines des œuvres d’art les plus puissantes et les plus innovantes du XXe siècle. Artiste autodidacte par conviction, il parvient à créer un lien indissoluble entre l’art et les sciences en combinant des éléments de la nature et de la physique dans sa sculpture.

Νé en 1925 à Athènes, son enfance et son adolescence sont marquées par des guerres successives dont la Grèce a souffert, telles que l’occupation allemande et italienne et la guerre civile. La prospérité financière de sa famille avait déjà été touchée depuis 1922, période de la catastrophe de l’Asie Mineure.

Takis collage sculpteur avec oeuvres bw
A gauche, Takis en 1946: inspiré par Picasso et de Giacomettces deux artistes, il crée ses premiers bustes de gypse et ses sculptures en argile. A droite: Juin 1977: Takis participe à la Documenta VI de Kassel, présentant son oeuvre intitulée Espace Musicale, dans le cadre de Malerei Plastic Performance  © Takis Foundation Archives

En 1942, alors que l’occupation de l’Axe se consolidait en Grèce, le jeune Takis a rejoint le mouvement de résistance de la Ligue nationale démocratique grecque (EDES). Après un an, un groupe de résistance rival, l’Armée populaire de libération nationale grecque (ELAS), plus radicale, a enrôlé Takis pour espionner EDES. En 1945, il avait publiquement changé de camp pour l’ELAS, pour devenir un leader de son aile jeunesse, ce qui, alors que la Grèce tombait dans la guerre civile, lui a valu une peine de six mois de prison. [Source: Guardian. 16/8/2019]

Les premières sculptures de Takis étaient des bustes en plâtre et des sculptures en fer forgé inspirés de la culture grecque antique ainsi que d’artistes tels que Picasso et Giacometti exposés au Centre culturel américain à Athènes en 1951.

À la fin de 1953, il part pour Paris où il rejoint pendant quelques mois  l’atelier de Constantin Brâncuși. Peu de temps après, il commence à fréquenter le Beat Hotel de la rue Gît-le-Cœur et se lie d’amitié avec William S.Burroughs et Allen Ginsberg, tout en réalisant ses premiers téléviseurs. En 1961, le marchand grec  Alexander Iolas lui offre une exposition personnelle à New York. Là il fait la connaissance de Greta Garbo et Marcel Duchamp à travers l’écrivain et poète grec, Nicolas Calas [Source: Takis Foundation]

Beat Hotel Paris
Beat Hotel, Paris. Source: Wikimedia Commons

Pendant les trois années suivantes il partage sa vie entre Paris et Londres, ces deux villes devenant sources d’inspiration pour ses premières œuvres cinétiques. Impressionné par les radars, les antennes et les constructions technologiques qui ornent la gare de Calais, en France, il crée ses premiers Signaux, qui sont d’abord rigides et après comportent des signaux lumineux sur leur sommet, tout en changeant graduellement de forme. En posant sur leurs sommets des feux d’artifices, il réalise des happenings divers sur les places de Paris. Après son mariage avec l’artiste Liliane Lijn, Takis s’installe à Londres en 1964, l’année même où  Signals Gallery ouvre ses portes dans le West End, prenant son nom du travail de Takis.

En 1968, il déménage a Massachusetts où il a été invité bénéficiant d’une bourse d’études en tant que chercheur de l’Université du MIT et plus précisément du Centre for Advanced Visual Studies. Là, il crée une série de sculptures électromagnétiques. Il étudie l’énergie hydrodynamique et donne forme à son inspiration intitulée “Oscillation de la mer”, alors qu’il crée une série de Sculptures Hydromagnétiques.

En 1974, de retour à Paris, il commence à créer ses sculptures Érotiques et en 1986, de retour en Grèce il  fonde le Centre de Recherche pour l’Art et les Sciences à Gerovouno, Attique, dont l’inauguration officielle a  lieu en 1993.

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 Juin 1983: Takis  crée des scènes et de la musique pour la tragédie Electra de Sophocle dans le théâtre antique d’Epidaure, dirigé par Michael Cacoyannis et avec rini Pappas au role principal I. Takis crée 7 Signaux, 2 Espaces Intérieurs et une construction métallique, qui est le palais d’Agamemnon. La même année, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris organise une exposition personnelle de Takis intitulée Electra © Takis Foundation Archives
 

Un artiste innovateur

Plasticien contemporain d’avant-garde, son œuvre est ancrée dans une tradition sculpturale, allant de la sculpture archaïque grecque et Giacometti aux objets de rebut de la technologie. Fasciné par la « magie scientifique », à l’origine d’inventions (il déposera même des brevets industriels), Takis est aussi un philosophe des sciences s’imprégnant régulièrement des grands ancêtres de la philosophie présocratique, de la médecine d’Hippocrate et des inspirations issues de l’Égypte ancienne.

Aujourd’hui ses œuvres ornent les collections permanentes de certains des musées d’art les plus admirés au monde, tels que le George Pompidou Center for Contemporary Art à Paris, le MOMA et le Guggenheim Museum à New York, la De Menil Collection à Houston, la Tate Modern à Londres et la Collection Peggy Guggenheim à Venise.

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Takis, Le Bassin a La Defense, 1988. Source: Wikimedia Commons

En France, le Centre des Arts du Jeu de Paume, le Palais de Tokyo et la Fondation Maeght ont organisé de grandes expositions rétrospectives consacrées à l’artiste. Son travail est également exposé dans les jardins de l’UNESCO ainsi qu’à La Défense, Paris. Il a également représenté la Grèce à l’exposition Documenta de Kassel (1977), à la Biennale de Paris (1985) et à la Biennale de Venise (1995).

Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr

* Photo d’introduction: Takis © Takis Foundation Archive

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M.V.

 

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