Après des expositions très remarquées dans d’autres capitales européennes en début d’année 2016 comme à Paris, Berlin, Vienne ou encore Copenhague, c’est au tour d’Athènes d’accueillir une exposition du célèbre artiste et dissident chinois Ai Weiwei. L’exposition se tient actuellement et jusqu’au 30 octobre au musée des arts cycladiques d’Athènes près de la place Syntagma.
Il s’agit de la première exposition de l’artiste en Grèce. Intitulée “Ai Weiwei at Cycladic », celle-ci traite de sujets politiques et sociaux qui caractérise bien Ai Weiwei.
L’artiste très médiatique et actif sur les réseaux sociaux est reconnu internationalement pour ses engagements politiques et ses œuvres parfois polémiques, où l’art devient alors parfois une arme politique.
Né à Beijing en 1957, l’artiste contemporain à la fois photographe, sculpteur, architecte, performer est un fervent militant des droits de l’homme. Accusé de fraude fiscale, il a été arrêté et incarcéré en Chine en 2011. Après environ trois mois de détention Ai Weiwei a été libéré sous caution mais reste toutefois très surveillé par le gouvernement chinois et n’a récupéré son passeport que depuis 2015.
Une de ses œuvres les plus connues, et encore inachevée à ce jour, est la série d’environ trente photographies intitulée « Etude de perspective » (1995-2011) où l’artiste capture en premier plan son majeur dressé face à de nombreux lieux symboliques du monde entier (il commence par la place Tian’anmen à Beijing puis la Tour Eiffel à Paris ou encore le Reichtag à Berlin). Par ce geste volontairement provocateur, il représente le rejet des normes, des symboles culturels et du pouvoir établis.
Cette série de photographies est exposée dans la première partie de l’exposition au Musée d’arts cycladiques.
L’artiste s’est récemment impliqué et engagé dans la crise migratoire afin d’alerter sur le terrible sort des migrants. C’est pourquoi 10% des revenus de l’exposition seront distribuées aux ONG Médecins sans Frontières et Metadrasi s’occupant de la gestion de la crise des réfugiés en Europe.
Depuis 2015, il a visité de nombreux camps de réfugiés a d’ailleurs ouvert un atelier sur l’île de Lesbos, au plus près de l’épicentre de cette crise, où il souhaiterait ériger un mémorial dédié aux personnes disparues au cours de la traversée vers l’Europe. Cette thématique migratoire est omniprésente au sein de l’exposition, avec notamment un longue série de photographies, réalisée par différents photographes, retraçant le périlleux voyage de milliers de migrants jusqu’en Grèce. L’œuvre « Tyre » (2016) représentant un grand anneau en marbre fin qui évoque une bouée de sauvetage ou encore « iPhone Wallpaper » (2016), un mur entièrement recouvert de photos prises par l’artiste lors de ses visites dans les camps de réfugiés, font également référence au tragique destin de ces migrants.
De plus, Ai Weiwei, très intéressé par le thème de l’héritage historique a voulu créer à travers des œuvres utilisant le marbre ou le bois, exclusivement réalisées pour le musée, un dialogue entre l’art antique et l’art contemporain. Certaines de ses œuvres sont ainsi complément intégrées au musée au sein de la collection permanente et s’inspirent de l’art cycladique comme la sculpture « Standing Figure ».
Au total, vingt-cinq œuvres de l’artiste sont exposées, dont les célèbres « Grapes » (2011), « Mask » (2011) ou encore l’imposant « Chandelier » (2015) où la lumière du lustre symbolise le progrès et l’expression de la liberté individuelle.
Cette exposition se tient jusqu’au 30 octobre 2016. Plus d’informations : http://aiweiwei.cycladic.gr/
Texte écrit par Elisa Rullaud