Au Musée de l’Acropole, une nouvelle exposition a été inaugurée le 20 juin, ayant comme titre « Dodone, l’Oracle des Sons » et comme objet la quête perpétuelle et intemporelle des personnes devant l’inconnu.  En lisant les questions posées, pendant l’Antiquité, à Zeus, le dieu devin de Dodone, nous pouvons sentir les mêmes inquiétudes, les mêmes angoisses, les mêmes peurs et espoirs auxquels font face les personnes d’aujourd’hui dans leur vie quotidienne. Ces petites questions sur des sujets simples et humains nous présentent d’une traite, et mieux que les grands volumes d’histoire antique, la vie des hommes d’antan.

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Entre 525 et 500 avant J.-C., un certain homme nommé Ermon (Ermonas) demande à l’Oracle « à quel dieu dois-je adresser mes prières pour que ma femme Kritaia obtienne des enfants précieux ? ». Mais il existe d’autres questions  sauvegardées comme « y-a-t-il un danger pour que je perde mon mari, que je reste veuve ? » ou « je n’ai pas pu avoir des enfants, avec qui dois-je en faire ? » ou « est-il sage que je voyage à Carthage ? » ou encore « dois-je payer mes dettes ou est-il préférable que je le fasse plus tard ? ».  Les questions posées à l’Oracle étaient gravées sur des lamelles de plomb, dont les fouilles ont permis de mettre au jour un grand nombre d’entre elles. Soixante  lamelles de plomb, c’est-a-dire soixante questions, seront présentées à l’expo, parmi approximativement les 5000 retrouvées durant les fouilles réalisées au site de Dodone.

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Ceci  est situé en Epire, au nord-ouest de la Grèce, et il constitue le plus vieux sanctuaire oraculaire de la Grèce -avant même celui de Delphes- dédié à Zeus et à la Déesse-Mère, révérée sous le nom de Dioné. La divination ou la mantique, pour utiliser le mot grec, constituait un aspect fondamental de la religion et de la culture de la Grèce antique. Son origine se perd dans le temps mais nous avons retrouvé des traces sur le site du sanctuaire datant du début de l’âge du bronze et de l’époque mycénienne. L’élément le plus caractéristique de l’Oracle de Dodone réside dans le fait que la divination était basée sur les sons, essentiellement par l’interprétation du bruissement des feuilles d’un chêne sacré, ayant survécu apparemment jusqu’ en 391 après J.-C, avant d’être coupé suite aux édits de l’empereur byzantin, Théodose Ier, qui interdisaient les cultes païens. Les prêtres et les prêtresses du sanctuaire interprétaient aussi le bruit causé par un ou plusieurs chaudrons de bronze et peut-être le roucoulement des pigeons.    

L’expo sera donc centrée sur le questionnement du peuple ainsi que sur le chêne, l’arbre sacré du sanctuaire de Zeus et de Dioné. Cependant, les visiteurs auront aussi l’occasion d’apprendre de quelle manière fonctionnait l’Oracle de Dodone et l’importance qu’elle avait pour le monde antique. Elle démontre aussi le besoin irrépressible que l’homme a de prévoir l’avenir.

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Enfin, nous devons signaler l’importance du site archéologique de Dodone, situé sur les pentes du mont Tomaros, à 22 km au sud d’Ioannina.  Plusieurs vestiges, excepté le sanctuaire, y existent encore, comme l’ancien théâtre, l’un des plus grands en Grèce, avec une capacité estimée à 25 000 spectateurs.

L’exposition au Musée de l’Acropole durera jusqu’ au 10 janvier 2017.

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