Sur les places, dans les bars, sur les toits, dans les rues et même sur les plages, les athéniens, depuis les dernières années, se sont mis à danser aux rythmes de ‘30 et ’40: lindy hop, rock n’roll, jive, boogie-woogie, charleston et bien d’autres genres associés au swing. Qu’est-il arrivé à Athènes, soudainement remplie des danses des années ‘20 liées aux improvisations de jazz des communautés afro-américaines des États-Unis ? Pourquoi dans les années de crise les rues de la capitale grecque sont-elles investies des robes et des rubans colorés de l’Entre-deux-guerres et des jeunes qui font des pirouettes? Grècehebdo* a cherché des réponses en s’entretenant avec Manos et Rodi, fondateurs du club Rollin’ Foxes, le plus ancien club d’apprentissage de rock’n’roll à Athènes (formé en 2010 dans le bar Blue Fox).
Au fil des cinq-six dernières années, nous avons assisté à une explosion des danses des décennies passées à Athènes, comme le Rock’n’roll et le Swing. En tant que propriétaires d’un espace exclusivement dédié au Rock’n’roll et aussi enseignants de danses au sein du club Rollin’ Foxes, comment percevez-vous cette évolution ? Est-ce qu’Il y a un lien avec la crise ou s’agit-il d’un développement associé à une tendance aussi présente dans d’autres pays européens ?
Cela dépend principalement de ceux qui ont entrepris la scène de la danse nationale. Comme pour tout, avec la danse il faut du respect et de l’attention afin de ne pas en faire un «cirque». Nous pensons que l’évolution de la scène de danse avance bien en Grèce, puisque la plupart des gens qui s’y sont impliqués savent beaucoup plus que les essentiels et en même temps ils ont un respect pour ce qu’ils font. Autrement dit, nous respectons la danse et le processus d’enseignement. Il y a le facteur « mode » qui s’ajoute et cette petite vague est enfin arrivée de l’étranger. Bien sûr, la crise et l’effondrement des valeurs ont poussé les gens vers la danse comme une manière de s’exprimer. Plus précisément, les danses de jadis sont peut-être devenues populaires parce qu’elles font référence à une époque où les valeurs étaient plus robustes et le stress prenait d’autres formes. Cela ne veut pas dire que tout y était merveilleux, car ce n’est pas le cas.
Comment votre relation avec la danse a-t-elle commencé ?
Manos: Depuis que j’ai commencé à écouter du rock ‘n’ roll. Au début j’étais au niveau de danse dans un bar en tant que dilletante, en attrapant le rythme et faisant quelques tours avec une jeune fille qui voulait danser avec moi. Le niveau de danse que j’ai atteint par la suite fut le résultat d’un travail personnel (séminaires, festivals, enseignement…etc.).
Rodi: Au bout de nombreuses années de cours de danse classique et moderne et ayant beaucoup écouté de rock ‘n’roll aussi, j’ai commencé à danser avec Manos. Avec le temps, nous nous y sommes investis de plus en plus.
Comment décririez-vous cette vague athénienne à un visiteur étranger quivoudrait découvrir la vie réelle de la ville ?
Il existe plusieurs petits bars au centre-ville qui donnent une idée de la vraie vie des habitants et du divertissement quotidien de la ville. On peut toujours visiter le triangle classique Plaka – Monastiraki – Thissio mais aussi
Exarcheia et des grandes avenues comme Vassilissis Sofias. Pourtant Athènes subit actuellement une grande dégradation du niveau de vie et il suffit de se balader dans de différents quartiers pour en avoir un aperçu plus objectif.
La vision de deux danseurs depuis la Suisse
Lors d’une fête swing dans une rue pédestre à
Koukaki, GrèceHebdo* a rencontré Caroline et Jorgos, deux danseurs de swing qui vivent actuellement en Suisse mais visitent régulièrement Athènes. Ils nous ont donné leur point de vue sur la scène de la danse en Grèce.
Vivre en Suisse mais ayant une relation stable avec la Grèce, comment voyez-vous l’explosion de la danse à Athènes au cours des dernières années ? Est-ce une tendance évidente en Europe centrale, en Suisse par exemple ?
Dans un pays comme la Grèce, qui traverse une période difficile, il est évident que les gens recherchent la légèreté. A travers la danse, ils la trouvent peut-être. La musique swing ne meurt jamais, la musique et la danse swing rassemblent des générations et des cultures différentes. Toutes les danses de salon offrent la possibilité de socialiser et d’échanger des vues personnelles indépendamment du pays de provenance.
Quelles sont les danses que vous préférez et comment votre relation avec la danse a-t-elle commencé ?
Nos danses favorites sont toutes sortes de danses swing suite de notre passion pour la musique de jazz ! Depuis notre petite enfance, nous avons été inspirés par des films classiques d’Hollywood. Nous avons toujours rêvé pouvoir voler au-dessus du plancher de la salle de bal comme Fred Astaire et Ginger Rogers. Nous avons souhaité pouvoir faire les claquettes comme Gene Kelly et secouer nos hanches comme Elvis Presley.
Que diriez-vous à quelqu’un qui pense à apprendre des danses swing et rock’n’roll ? Pourquoi s’y mettre ?
Faites-le parce que vous allez danser en partant de la bonne musique, car cela va ajouter une nouvelle dimension dans votre vie, parce que cela vous aidera vous sentir libre. Cette activité amène des gens de racines différentes à vivre dans la paix ensemble. Enfin, suite à une nuit remplie de danses vous tomberez au lit très heureux et satisfaits !
* Entretiens accordés à Magdalini Varoucha