François – Bernard Huyghe, chercheur à l’IRIS, va participer le 8 novembre à la table ronde organisée par l’IFA, avec le soutien du GrèceHebdo, intitulée : “Internet, Démocratie et Espace Public”. Il va intervenir avec le sujet “Révoltes et répressions à l’ère numérique : technologies, stratégies et communautés”. A propos de cet événement, GrèceHebdo lui a adressé les questions suivantes :
• De quelles manières le web social affecte-t-il la circulation des idées politiques et des informations par rapport aux moyens classiques (médias traditionnels, partis politiques, think tanks…) ?
Dans la mesure où les médias sociaux confèrent à chaque internaute des moyens de documentation et d’édition inimaginables il y a quinze ans, quasi gratuits, les facultés d’expression de ceux qui ne disposent ni de médias classique, ni des médiations d’organisations, ni de l’influence propre aux élites intellectuelles ou politiques ont évidemment explosé. Mais exprimer vos idées (admirables ou délirantes) ne sert guère si vous n’êtes repéré par aucun moteur de recherche ou si aucun réseau social ne transforme vos contenus en liens communautaires forts ni en appels à l’action. Le pouvoir d’émettre n’est rien sans celui de citer, de recommander, d’indexer, d’approuver, de commenter, etc qui est une émanation collective des réseaux.
• Quels sont les enjeux pour l’espace public en termes de démocratie et de gouvernance soulevés par les nouvelles pratiques numériques ?
Les réseaux numériques sont de redoutables instruments d’opposition, surtout là où il n’existe pas d’espace public libre, pour propager des passions démocratiques, souder des communautés, organiser l’action “dans la vraie vie”. En revanche, l’expérience récente nous montre qu’ils sont moins adaptés au temps du vote, de l’élaboration de la loi, de l’exercice de l’autorité.
• Pensez-vous que les transformations de l’espace public issues de l’essor du web social peuvent représenter un atout pour la promotion de l’image nationale, si oui comment ?
Dans tous les cas de nombreux gouvernements en sont persuadés, à commencer par les USA : ils développent des stratégies dites de “e-diplomatie” pour développer leur “soft power”, et adresser directement à des populations étrangères un discours de justification ou de séduction. C’est la version “2.0” de la “diplomatie publique” de compétition idéologique durant Guerre Froide
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