Né en 1922 en Roumanie, des Grecs de la diaspora, Iannis Xenakis est un compositeur, architecte et ingénieur. Il est l’aîné de trois garçons ; ses frères Cosmas et Jason deviendront, l’un peintre, l’autre professeur de philosophie aux États-Unis. En 1932, il quitte la Roumanie pour la Grèce. De son adolescence, il éprouve de la passion pour les mathématiques, la littérature grecque et étrangère, et la musique.
Lors de la 2ème guerre mondiale, Xenakis s’engage dans la résistance grecque où il rejoint le parti communiste. Il est à plusieurs reprises emprisonné, par les Italiens, puis par les Allemands. En 1947 il quitte clandestinement la Grèce au moment où la guerre civile fait rage et il se dirige vers la France où il passera le reste de sa vie.
A Paris, il travaille d’abord comme ingénieur chez le Corbusier. Il poursuit parallèlement ses recherches musicales et parvient en l’espace de quelques années, à synthétiser musique, architecture et mathématiques afin de créer une musique nouvelle constituée de masses sonores construites grâce aux mathématiques. En 1954 Iannnis Xenakis crée Métastasis pour 61 instruments qui devient son œuvre emblématique. C’est la première musique entièrement déduite de règles et de procédures mathématiques. Pour son créateur, il s’agit de mettre en pratique une relation directe entre musique et architecture, combinaison certes peu commune, mais qui pour l’assistant de Le Corbusier va de soi.
Il mettra à profit cette combinaison en utilisant les mêmes règles de construction dans l’élaboration des plans du pavillon Philips pour l’exposition universelle de Bruxelles en 1958 ; dans ce pavillon seront émises par des haut-parleurs, dans le même concert, des œuvres d’Edgar Varèse et de Xenakis. Mais cette intrusion d’une pensée mathématique dans l’élaboration de formalismes ne peut encore bénéficier de l’outil ordinateur pour élaborer ses représentations.
Il s’intéresse aussi à une nouvelle spatialisation dans le domaine de la musique acoustique en plaçant les musiciens de manière inhabituelle, parmi le public, par exemple, ou réitérant des procédures antiques autour ou à distance du public. Un bon nombre de ces expériences ont fait preuve de leur efficacité à leur époque dans des manifestations artistiques, comme le festival international d’art contemporain de Royan dont il fut l’un des plus brillants et surprenants habitués.
En 1967, il réalise les Polytopes (1967), spectacle de sons et de lumières qui marquera aussi son époque.
Iannis Xenakis réussit, en utilisant des procédures qui auraient pu faire de ses œuvres des productions totalement déshumanisées ce tour de force de proposer une musique le plus souvent très lyrique et souvent aussi extrêmement émouvante. Nuits, L’Orestie sont assez proches, curieusement, dans leur simplicité volontaire, de l’esprit des dernières œuvres de Liszt. C’est probablement autour de ce constat que s’est construit le ‘’mystère Xenakis’’. Il a été le premier européen à utiliser un ordinateur pour composer et créé la musique dite “stochastique”.
Il est décédé à Paris en 2001. Avec plus de 150 partitions, son œuvre demeure monumentale et même après 12 ans de sa disparition le monde musical est loin d’avoir fini d’évaluer l’importance de son héritage.
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