‘’La poésie commence là où la mort n’a pas le dernier mot’’. Elytis 

Odysséas Elytis, de son vrai nom Odysséas Alépoudelis, est né à Héraklion en Crète en 1911 et mort à Athènes, en 1996. Elytis était proche des poètes surréalistes français et de peintres comme Picasso et Matisse qui ont illustré certaines de ses œuvres. Parmi ses amis français figurent également René Char et d’Albert Camus. 

Auteur du grand poème Axion esti, hymne à la Création qui exalte la lutte héroïque des Grecs en faveur de la liberté, il fut aussi critique d’art, et s’attacha à créer des collages dans lesquels s’exprime sa conception de l’unité de l’héritage grec. Ses poèmes ont été mis en musique par deux des compositeurs grecs les plus célèbres du XXe siècle, Míkis Theodorakis et Manos Hadjidákis. D’autres ont été popularisés en France par Angélique Ionatos

Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1979, qui lui a été attribué ‘’pour sa poésie prenant appui sur la tradition grecque avec une force sensuelle et une lucidité de la condition de l’homme moderne ‘’. 

Pour lui, la poésie était ‘’l’art de nous rapprocher de ce qui nous dépasse’’. Et toute son œuvre aura été chemins vers cette part inconnue en nous, qu’une langue inconnue tente de transcrire avec des signes secrets. En 1978 il publie Maria Nepheli, Marie des Brumes, dialogue entre une jeune fille et un antiphoniste, sans doute lui-même. 
 
“Marie des Brumes” 
 
Hymne en deux dimensions. 
 
A présent je t’aime en deux dimensions 
 
comme une figure étrusque 
 
comme un tracé de Klee qui fut poisson 
 
tu t’avances dodécaphonique 
 
exaspérante 
 
foudroyante 
 
belle 
 
avec dans le pli de ta jupe une vague des Caraïbes 
 
et de lourdes perles d’azur de la rue Pandrosée 
 
autour de ton cou. 
 
Présence irisée idole 
 
pétrie dans la lumière 
 
d’un astre disparu 
 
avant les siècles. 
 
Alors j’entends les eaux et je t’appréhende. 
 
Que toi tu ne sois pas consciente 
 
(jamais le Timonier n’est au courant de sa mission) 
 
je devine pourtant sous la pâleur de ton “make up” 
 
l’inconcevable route que j’ai parcourue 
 
pour te parler ainsi.
 
Voie Lactée ô soeur lumineuse 
 
Le seul destin dont je n’ai pas voulu 
 
mon Dieu- c’est qu’on soutache mes épaules. 
 
Dans le funeste partage 
 
Dieu est toujours baisé.