Anèstis Evanghèlou, né en 1937, a vécu à Thessalonique où il est mort en 1994, à 57 ans. 
À propos de la poésie d’Evanghèlou, Michel Volkovitch souligne: «il est sûrement le plus représentatif {des poètes de Salonique}, par son climat profondément byzantin et biblique. Mais c’est la Grèce tout entière qu’on retrouve chez lui plus encore que chez d’autres — du moins celle d’une certaine époque »
Parmi ses oeuvres : Description d’une expulsion (1960), Méthode de respiration (1966), Saignée 66-70 (1971), La pause (1976), Les haï-kaï (1978), Mise à nu (1979), La visite (1987), La neige et la désolation (1994), plus quelques volumes de critique. 

COMME LES ANCIENNES ICÔNES 

Comme les anciennes icônes
aux couleurs usées au bois rongé
par la griffe amère du temps
qui de leurs yeux intacts
embués de larmes te regardent, sages
de tant de connaissance dans leur silence
de tant d’immobilité, d’isolement —
                                                       de même
à travers le temps tu viens vers moi
et tes yeux douloureux me regardent.

II 

Comme les anciennes icônes que l’on garde
au fond du temple, dans le coin
le plus secret, qu’avec une précaution
extrême on approche et adore
précieuses comme la prunelle de nos yeux
conservant une fraîcheur étrange
et dont le bois et la peinture embaument —
comme les anciennes icônes je t’ai prise
et au fond de moi je t’ai cachée.

                                                                           (La pause) 
Traduction: Michel Volkovitch

TAGS: 27_03_2014