Dimitris Kalokyris, poète, romancier et traducteur et aussi président de la société des écrivains grecs parle à GrèceHebdo* à propos de l’exposition «Vies parallèles» (Vii Paralili) du 4 au 18 février 2015 au centre culturel de la municipalité d’Athènes.
«Vies parallèles»: quelle est la raison d’être de cette exposition?
C’est Kostas Lachas, ami de Salonique, peintre et écrivain lui-même, qui nous a laissé il y a un mois pour partir vers le pays des couleurs qui est derrière ce projet. Οn discutait souvent avec lui de l’ idée d’ une exposition d’ artistes «doubles», comme Kostas et moi, ayant consacré l’ essentiel de leur énergie à plusieurs formes d’ expression. Les exemples abondent sur ce sujet. Partons de William Blake, de Rosetti, de Louis Carrol, de Max Ernst, de Picasso, de Dali. Passons ensuite à nos compatriotes, à Photis Kontoglou (peinture et littérature), Giannis Ritsos (littérature et peinture) Seferis et Empirikos (poésie et photos). Μention particulière dοit être faite également à Cocteau (littérature et peinture), Woody Allen (cinéma, littérature et musique) au compositeur et écrivain Leonard Cohen et à la figure emblématique Bob Dylan qui a fait récemment une exposition avec ses peintures à Londres. «Les poètes me considèrent comme peintre et les peintres comme poète», affirmait en souriant mais aussi avec une certaine amertume Nikos Engonopoulos. Quant à l’exposition, celle-ci a réuni 50 membres de la société des écrivains grecs appartenant à cette catégorie d’artistes à double visage ou à plusieurs visages,si vous préfèrez. Vies parallèles, mondes parallèles fécondes et imaginatifs. Ιl faut pourtant préciser qu’ on n’est pas exhaustifs. Ce n’est qu’un début sur une idée en évolution, en progrès permanent.
Cette “multitude” de l’artiste est plutôt accentuée de nos jours ou cela constitue une constante à tout temps?
Cette coexistence remonte déjà à l’Antiquité où la poésie et la musique vont de pair. Μais c’est la Rennaissance qui démontre de façon catégorique que l’artiste ne doit pas s’ enfermer dans un seul rôle, dans une seule qualité. Pour le reste de nos jours, c’est la technologie qui ouvre les nouveaux champs du possible à travers le collage, la photo, l’art-vidéo et cette dispersion vers diffèrents modes d’expression est plus fréquente.
Αujourd’hui, vous considèrez qu’on écrit/lit plus par rapport au passé, ou c’est le contraire qui se produit?
A mon avis, ni la lecture, ni l’écriture ne subissent pas le poids de la réalité, de la «conjuncture» de façon drastique. Vous avez raison, l’ambiance entourante, l’ « environnement en crise » suscite parfois une certaine mélancolie. Μais l’équilibre s’établit au profit tant de l’écriture que de la lecture. En écrivant, la pensée devient solide et cohérente. Μais en lisant c’est le besoin de la fuite qui l’emporte.
* Entretien accordé à Magdalini Varoucha