Les Archives historiques grecques de la Méditerranée orientale (ELIAM) est une nouvelle archive numérique dédiée à la préservation et à la mise en valeur de l’histoire de la présence grecque en Méditerranée orientale au cours de XIXe et XXe siècles. Le projet vise à présenter le contexte multiculturel et multiethnique de la région en mettant l’accent sur la vie quotidienne de ses habitants grecs.

Lancé en février 2025, ELIAM se concentre sur la Méditerranée orientale, qui englobe les pays issus de l’Empire ottoman, notamment l’Égypte, la Grèce, la Jordanie, Israël, Chypre, le Liban, la Libye, la Palestine, la Syrie et la Turquie.

Plus précisément, ELIAM a un triple objectif : numériser des documents historiques relatifs à la présence grecque en Méditerranée orientale, notamment aux XIXe et XXe siècles ; présenter aux utilisateurs du site Internet (www.eliam.gr) des documents numérisés, qui comprennent des documents tels que de la correspondance privée, des photos, des films et, troisièmement, promouvoir et diffuser les connaissances sur l’expérience grecque en Méditerranée orientale auprès de la communauté scientifique et du grand public à travers la préparation d’études universitaires, la publication d’articles et l’organisation de conférences, de conférences, d’expositions et d’autres événements culturels.

À l’aube du XIXe siècle, la Méditerranée orientale constituait le cœur de l’Empire ottoman. Après des décennies de processus politiques et de transitions, de soulèvements, de révolutions et, dans certains cas, d’intervention active des puissances coloniales, la région comprenait au milieu du XXe siècle les pays suivants : Égypte, Grèce, Jordanie, Israël, Chypre, Liban, Libye, Palestine, Syrie et Turquie.

Des populations qui s’identifiaient souvent sur le plan ethnique comme des « Grecs » ou des « Romaioi » et principalement sur le plan religieux comme des « chrétiens orthodoxes grecs » vivaient – et dans certains cas, vivent encore- tant le long des côtes de la Méditerranée orientale que dans son vaste arrière-pays. Cependant, il y avait aussi des Grecs catholiques et protestants, ainsi que des Grecs juifs et musulmans.

Le projet  ELIAM reconnaît que les activités professionnelles de ces populations allaient des industriels et des grands commerçants aux employés de bureau, aux artisans et aux ouvriers non qualifiés, la majorité d’entre eux  appartenant aux classes sociales moyennes et inférieures, occupant un large spectre socio-économique.

Alexander Kitroeff, historien, auteur de The Greeks and the Making of Modern Egypt (American University in Cairo Press, 2019) et l’un des fondateurs de l’ELAM, s’est entretenu avec Greek News Agenda sur ELIAM :

« Deux de mes collègues, l’historien Angelos Dalachanis et l’anthropologue visuelle Irini Chrysocheri, m’ont invité à les rejoindre pour créer les Archives historiques grecques de la Méditerranée orientale (ELIAM). Il s’agit d’une organisation à but non lucratif dont l’objectif est la création d’une archive numérique qui rassemblera des documents imprimés (par exemple des documents provenant de collections privées ou d’autres archives), visuels (par exemple des photographies de famille et d’école, des cartes, des films) et audio (par exemple des entretiens, de la musique, des chansons), conformément aux normes internationales d’enregistrement et de documentation. 

D’autres organisations collectent déjà des archives d’associations grecques ayant existé en Méditerranée orientale , mais nous nous sommes rendu compte que les papiers, documents et photographies privés des Grecs qui vivaient en Égypte et dans d’autres lieux de la région, comme Jérusalem et Alep, devaient également être sauvegardés.

Notre objectif est de préserver ces documents appartenant à des individus et à des familles. Mais nous ne voulons pas les retirer aux gens, car nous reconnaissons qu’ils ont une grande valeur sentimentale en plus de leur valeur historique. Il s’agit de livres imprimés, de revues, de documents d’archives, de photographies, de films ou de documents personnels tels que la correspondance, les notes non publiées, les autobiographies, les certificats d’études et les éléments de la culture matérielle et immatérielle, tels que les entretiens oraux ou les enregistrements musicaux.

Dans le but de conserver ces documents, nous les numérisons ou demandons aux personnes de le faire elles-mêmes, puis nous présentons ces documents sur notre site web, qui a été créé grâce à une subvention de la Fondation Onassis. Sur  notre site web, ces documents sont librement accessibles à la communauté universitaire et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et à l’héritage culturel de la présence grecque en Méditerranée orientale. »

Comme explique M. Kitroeff, « nous recherchons ces matériaux dans le monde entier. Les Grecs qui vivaient en Méditerranée orientale et qui ont quitté la région ne sont pas seulement allés en Grèce, mais dans de nombreux autres endroits, en Europe, aux Amériques, en Australie. Le lancement du site web https://eliam.gr au début du mois de février 2025,  a été un  succès avec la participation de nombreuses personnes, qui ont manifesté leur soutien et leur intérêt. La prochaine étape pour nous est de trouver des sources de financement afin de poursuivre notre travail ».

The website organizes its collections into various categories, including photos, old footage films, documents, artifacts, oral testimonies, and ephemera, encouraging individuals to “share their family documents and and pictures,” actively seeking contributions from the public to expand its archival holdings.

ELIAM helps preserve and promote awareness of a complex and often overlooked aspect of Eastern Mediterranean history and serves as a valuable resource for researchers, historians, genealogists, and anyone interested in the history of Greeks in the Eastern Mediterranean.

Le site web organise ses collections en diverses catégories, notamment des photos, des films anciens, des documents, des artefacts, des témoignages oraux ainsi que des documents de la vie quotidienne, encourageant les personnes à « partager leurs documents et photos de famille » afin de les préserver.

 ELIAM contribue ainsi à faire connaître un aspect complexe et souvent négligé de l’histoire de la Méditerranée orientale et constitue une ressource précieuse pour les chercheurs, les historiens, les généalogistes et toute personne intéressée par l’histoire des Grecs de la Méditerranée orientale.

Interview | Angelos Dalachanis sur la diaspora grecque en Égypte et au Moyen-Orient
Mobilités en crise : migrations, enjeux et interprétations de la crise | Interview avec Angelos Dalachanis et Iris Polyzos

M.V.

TAGS: Culture | Grèce | histoire