Habitée sans interruption depuis l’époque hellénistique, capitale provinciale et ville portuaire florissante pendant l’époque romaine, Thessalonique fut le siège de l’une des premières communautés chrétiennes d’Europe et devint, à l’époque byzantine, une métropole artistique et culturelle d’haute importance. Témoins exceptionnels de cette période au cours de laquelle la ville a joué un rôle crucial dans le développement de l’art et de l’architecture, les monuments paléochrétiens et byzantins de Thessalonique, qui dispersés dans le tissu urbain moderne font de la ville un musée à ciel ouvert, et sont inscrits depuis 1988 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Thessalonique, fondée en 315 av. J.-C, fut, alors, l’un des principaux centres stratégiques et culturels des empires romaine et byzantine. La ville a été fondée par le roi Cassandre, qui lui a donné le nom de sa femme et demi-sœur d’Alexandre le Grand, Thessaloniké. Servant initialement de port militaire, la ville a progressivement commencé à se développer grâce à sa position enviable sur le golfe Thermaïque. Vers la la fin de la quatrième guerre macédonienne (150-148 av.J.-C.) et l’annexion de la Macédoine à l’Empire romain, la ville a été élevée au rang de capitale de la nouvelle province (province de Macédoine), à ​​laquelle toute la Grèce a ensuite été agrégée.

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Sous la domination romaine, Thessalonique entre rapidement dans une phase de développement rapide et de prospérité. Située sur la Via Egnatia (construite entre 146 avant JC et 120 avant JC), qui reliait l’Adriatique à l’Hellespont et à l’Asie Mineure, la ville devint dans les années qui suivirent la plus importante de la péninsule balkanique, un centre d’importance militaire et administrative considérable et une centre commercial majeur pour le transport entre l’Est et l’Ouest.

Ayant obtenu le statut de “civitas libera” à la suite de la bataille de Philippes (42 avant JC), la ville était destinée à jouer un rôle significatif également dans l’histoire du christianisme, quand, un siècle plus tard (50 après JC), arriva à Thessalonique pour prêcher la nouvelle foi Saint Paul. Comme l’attestent les deux lettres de l’apôtre aux Thessaloniciens – les plus anciens écrits survivants du Nouveau Testament – la ville était depuis lors le siège de l’une des premières communautés chrétiennes et l’une des premières bases de la diffusion de la nouvelle religion en Europe.

En 300, Galère, chargé de défendre les frontières de l’Empire romaιn jusqu’au Danube choisit Thessalonique comme capitale. Lors des persécutions contre les chrétiens voulues par lui ou par Dioclétien lui-même, le saint patron de la ville, Saint Démétrius, fut également martyrisé.

En 330, la décision de Constantin de transférer la capitale de l’empire à Byzance / Constantinople a contribué à accroître la croissance et la valeur géostratégique de la ville. Sous Théodose, la ville était le lieu où fut publié le célèbre Édit de Thessalonique (380), avec lequel le christianisme devint la seule et officielle religion de l’empire, mais aussi fut le théâtre d’un massacre ordonné par l’empereur qui coûta la vie à milliers de ses habitants (390). Avec la mort de Théodose (395) et la division définitive de l’empire en une partie orientale et une partie occidentale, la ville passa sous la sphère d’influence byzantine.

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Au cours des siècles suivants et jusqu’à l’arrivée des ottomans en 1430, Thessalonique eut une histoire mouvementée dans laquelle la ville fut à plusieurs reprises l’objet de raids et d’assauts par les Goths, les Avars, les Perses, les Slaves et les Bulgares, et dut subir la conquête, les pillages et les destructions par divers agresseurs dont les Sarrasins (904) et les Normands de Sicile (1185). Au début du XIIIe siècle, dans le cadre de la quatrième croisade (1204), la ville passa pendant vingt ans sous la domination de l’Empire latin de Constantinople, pour être prise par la suite par Théodore Comnenus Ducas, despote d’Epire, en 1224, récupérée ensuite de l’empire byzantin en 1246, conquise après un siège de quatre ans par les Ottomans (1387), reprise par les Byzantins (1403), et cédée par eux aux Vénitiens (1423) jusqu’à sa conquête finale par le sultan Murad II en 1430. Malgré tout cela, Thessalonique a réussi à devenir l’une des villes les plus riches et les plus peuplées de l’empire, une métropole et un centre culturel et artistique très respecté.

Les monuments, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, construits entre le IVe et le XVe siècle, cachés à chaque coin du centre-ville, nous offrent un aperçu des principales tendances et styles architecturaux développés et consolidés à chaque époque et préservent en eux quelques-uns des grands chefs-d’œuvre de la peinture monumentale et de l’art de la mosaïque des premiers chrétiens. Dans la liste des monuments protégés figurent, entre autres, les murailles de la ville, la Rotonde, les bains byzantins et plusieurs églises, comme celles de St. Démétrios, St. Sophie, St. Apôtres, St. Catherine et les monastères Blatades et Latomou. 

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Il s’agit donc d’un ensemble de quinze édifices publics destinés à remplir diverses fonctions dans le passé, pour la plupart religieuses, mais aussi laïques (les bains byzantins) et militaires (les murs de la ville).

Pendant la période byzantine, de nombreuses églises de beauté et de prestige exceptionnels sont construites, ce qui confirme la prospérité de la ville au niveau économique, culturel et religieux en tant que co-capitale de l’Empire, rivalisant en splendeur la ville de Constantinople. La basilique de la Vierge, dite Acheiropoietos et celle de Saint-David sont des signes de l’époque byzantine antérieure tandis que Saint-Pantéléimon, les Saints-Apôtres, Saint-Nicolas-Orphanos et l’actuelle Sainte-Catherine se sont construites après 1246. La basilique Sainte Sophie, construite au VIIIe siècle, demeure une des églises les plus belles et le plus emblématiques de Thessalonique. C’est un harmonieux mélange de plan grec cruciforme et de plan basilical à trois nefs, qui a servi comme cathédrale de la ville après la conquête latine de 1205. 

Plusieurs églises se sont transformées en mosquées lors de l’occupation Ottomane à partir de 1430 et d’autres lieux des cultes islamiques se sont ajoutés à cette mosaïque culturelle que constitue Thessalonique pendant sa longue histoire. Celle-ci est enrichie par l’arrivée en 1492 de 20000 juifs, expulsés d’Espagne à la suite de l’édit de l’Alhambra. Le caractère cosmopolite et pluraliste, qui a distingué la culture et la vie de Thessalonique pendant cinq siècles, s’est considérablement affaibli en raison de la déportation de la population juive par les nazis vers les camps d’extermination.

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Parmi les monuments les plus emblématiques de la ville, la célèbre Rotonda, un édifice circulaire (“péricentrique”) fut construit à l’époque de Galère (vers 306), à l’origine comme un temple dédié à Jupiter ou aux Cabires ou, selon d’autres, comme mausolée de Galère et ensuite transformé en une église (aujourd’hui consacrée à Saint Georges. Selon des fouilles, la Rotonde se trouvait au moment de sa construction au bout de la route triomphale qui reliait l’arc de Galère au palais impérial. Agrandie et rénovée plus tard, elle conserve certaines des plus belles mosaïques de l’art paléochrétien.

Appelée «Nymphe du golfe Thermaïque» et «Symprotevousa», voire co-capitale, Thessalonique est aujourd’hui la deuxième plus grande ville de Grèce et la première et la plus importante de Macédoine et du nord du pays. Centre économique et culturel d’une grande importance depuis l’Antiquité, la ville revendique plus de deux mille ans de présence ininterrompue sur la scène de l’histoire.

Sources: UNESCO, Punto Grecia

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