Kastellorizo, officiellement appelée Meyisti/Megisti est l’île la plus éloignée du continent grec. Elle fait partie de l’archipel du Dodécanèse, et se situe sur le bord oriental de la mer Égée, à la rencontre du bassin Levantin. Même si il s’agit d’une petite île isolée, elle possède une particulière beauté naturelle hors pair qui va avec une riche histoire.
Appellation
Kastellorizo appartient à l’archipel du Dodécanèse. Il s’agit de la plus petite des 12 îles principales de l’archipel. Il convient de noter que Dodécanèse (Δωδεκάνησα en grec) signifie en fait “douze îles”. En grec, le nom Meyisti/Megisti signifie “la plus grande”. Et probablement Kastellorizo est aussi connue sous cette appellation parce qu’il s’agit de la plus grande île du plus petit groupe d’îles à proximité; cela comprend Ro, Strongyli et un certain nombre d’îlots plus petits.
Même si Megisti reste toujours le nom administratif officiel, l’île est plutôt connue sous le nom Kastellorizo, nom d’origine italienne. La première partie de son nom dérive du mot italien castello, qui signifie château, en raison de l’existence d’un château de l’ordre des Hospitaliers. La seconde partie de son nom est généralement considérée provenant du mot rosso, qui signifie rouge. Cependant, selon d’autres théories, l’île est souvent appelée Castel Ruggio dans des cartes anciennes. Certaines théories la lient avec le mot Rhoge, l’ancien nom de l’îlot voisin de Ro, tandis que l’historien I.M. Hatzifotis, de sa part, a affirmé que ses propres recherches prouvent qu’il provient du grec rizovouni (pied de montagne) puisque la ville a été fondée au pied de la montagne où se trouve le château.
Histoire
L’île était peuplée depuis la période néolithique, et appartenait à la région historique de Lycie; colonisée par les Doriens, elle a été appelée Megisti. Pendant la période hellénistique, elle faisait partie de la Pérée rhodienne, une région contrôlée et colonisée par l’île voisine de Rhodes. Elle a ensuite fait partie de l’empire d’Alexandre, puis de l’Empire romain, servant de base à la flotte romaine dans ses campagnes contre les pirates ciliciens. À l’époque byzantine, elle a été incluse dans le thème des Cibyrrhaeots.
En 1306, l’île a été reprise par l’Ordre des Hospitaliers, un ordre militaire catholique qui a surgi à Jérusalem au début du 11ème siècle. La conquête faisait partie de leur expédition de conquête de l’île de Rhodes, dirigée par le Grand Maître de l’Ordre Foulques de Villaret; Rhodes a fini par tomber à eux, devenant le centre d’un ‘’État croisé’’ qui comprenait Kastellorizo. Les ‘’Hospitaliers’’ – souvent appelés les Chevaliers de Rhodes – utilisaient l’île principalement comme lieu de bannissement; à cette fin, ils ont construit un château-prison à l’entrée du port, sur les fondations d’une ancienne forteresse de l’époque dorique. Il se peut que cela ait donné à l’île son nom commun actuel, en raison de la teinte rougeâtre des rochers où se trouve le château.
Dans les années 1440, l’île a été détruite par la marine du Sultanat mamelouk d’Égypte, tandis qu’en 1461 elle fut saisie par les Aragonais, qui l’annexèrent au royaume dépendant de Naples, et reconstruisirent le château détruit par les mamelouks. Dans les années 1510, Kastellorizo tomba sous la domination ottomane et y resta jusqu’au début du 20ème siècle, à l’exception de brefs intervalles pendant le Siège de Candie, la guerre russo-turque de 1787–1792 et la guerre d’Indépendance grecque.
En 1913, suite à la guerre italo-turque, les habitants ont emprisonné le gouverneur ottoman et sa garnison et proclamé un gouvernement provisoire; l’île est restée autonome jusqu’ au début de 1914, quand elle passe à l’Empire ottoman. En 1915, pendant la Première Guerre mondiale, alors que le royaume grec était encore neutre, la marine française occupa l’île pour l’utiliser comme base navale. L’île a été cédée à l’Italie en vertu des traités de Sèvres (1920) et de Lausanne (1923) et intégrée dans les îles italiennes de l’Égée, où appartenait déjà le reste du Dodécanèse.
Après la capitulation italienne de septembre 1943, l’île fut occupée par les forces alliées et resta sous leur occupation pour le reste de la guerre. En 1947, Kastellorizo a été affectée à la Grèce en vertu des traités de paix de Paris; l’île a officiellement rejoint l’État grec le 7 mars 1948 avec les autres îles du Dodécanèse. Le film italien Mediterraneo, qui a reçu l’Oscar du meilleur film étranger en 1992, s’inspire de l’histoire de l’île pendant la Seconde Guerre mondiale.
Forteresses antiques et médiévales
Kastellorizo est bien connue pour ses forteresses. L’ancienne acropole fortifiée, connue sous le nom Palaiokastro qui signifie vieux chateau, est située à l’ouest de la ville, sur le plus haut sommet de l’île appelé Vigla. Elle a été érigée par les Grecs doriens, et porte sur sa base une inscription, datant du 4ème ou 3ème siècle av. JC, faisant référence au nom Megisti. Dans les ruines antiques, on trouve des citernes et des parties des fortifications, ainsi que les restes d’églises de la période méso-byzantine. A proximité de ce site se trouvent également les vestiges d’anciens murs cyclopéens.
Sur le côté est, se dresse le Château des chevaliers qui aurait donné son nom à l’île. Construit à l’origine au 14ème siècle par les ‘’Hospitaliers’’ sur les fondations d’une autre ancienne forteresse dorique, il a ensuite été détruit et reconstruit à plusieurs reprises. Le site actuel est constitué des vestiges de la reconstruction du 15ème siècle. Il se compose d’une grande tour centrale au sommet du rocher et, à un niveau inférieur, d’une cour fortifiée protégée par un bastion.
Autres attractions
Un tombeau lycien, le seul en Grèce, taillé dans la roche, datant du 4ème siècle av.JC, avec sa façade dorique creusée dans la paroi rocheuse est situé dans une niche sur le rocher juste en dessous du château des Chevaliers. La façade, typique de ces tombes, est de type dorique car elle ressemble aux colonnes et au toit des temples doriques grecs.
La place centrale du quartier Horafia se trouve près de l’église Saint-Georges (1906), avec un haut dôme de type byzantin, la cathédrale des Saints Constantin et Hélène (1835) et l’église Saint-Spyridon (19ème siècle). L’ancienne mosquée ottomane de l’île, qui date de la seconde moitié du 18ème siècle, a été restaurée et rouverte en tant que musée présentant les archives historiques de l’île.
Depuis 2016, l’île accueille le Festival international du documentaire «Beyond Borders», organisé par la Fondation hellénique de l’histoire. Le festival présente des films traitant de questions historiques et interculturelles et propose une série d’événements parallèles. L’édition de cette année, organisée sous les auspices du Secrétariat général des Grecs de l’étranger du ministère des Affaires étrangères, se tiendra du 23 au 30 août 2020.
La grotte bleue
L’attraction touristique la plus connue de Kastellorizo est sans doute la grotte marine souvent appelée “Blue Grotto”; son nom d’origine était Phokiali, qui signifie “refuge du phoque”. Elle est située sur la côte sud-est de l’île et ne peut être visitée que par bateau. D’une longueur de 40 à 50 mètres, d’une largeur de 25 à 30 mètres et d’une hauteur de 20 à 25 mètres, elle est beaucoup plus grande que la célèbre Grotta Azzurra de Capri, en Italie. La réflexion de la lumière du soleil sur les murs de la grotte produit une couleur bleue vibrante.
Ro, Strongyli
La municipalité de Megisti comprend également les îlots Ro et Strongyli. A Ro se trouvent des ruines de fortifications de la période hellénistique; il a été inhabité pendant la majeure partie de son histoire moderne, à l’exception d’une femme grecque connue sous le nom de Dame de Ro, décédée en 1982. Strongyli, dont le nom signifie “la ronde”, est la partie la plus orientale de la Grèce, et n’a pas résidents permanents.