Comment me suis-je trouvé enfermé à vie
dans cette chambre obscure ?
Comment ai-je pu vouer mon existence,
sans regrets, à cet art ingrat ?
 
Les produits m’ont noirci les doigts,
les cigarettes sans fin brûlent mes poumons,
je passe mes jours sans soleil, mes nuits sans lune,
seule une faible ampoule rouge
éclaire ou n’éclaire pas mon âme.
 
Les négatifs restent négatifs ;
les visages, qui pourraient soulager un peu, s’obstinent
à évoquer des fantômes terrifiants :
les figures noires, les regards vides, les cheveux blancs.
 
[Argyris Chionis, Ό,τι περιγράφω με περιγράφει, éd. Gavriilidis, 2010]
 
Traduction: Michel Volkovitch (source)
Peinture: Nikos Kessanlis, “Le photographe” Source: nikias.gr
 
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