Maladroit et plein d’adresse,
prétentieux et apeuré
mishellène et philhellène
sans courber toujours la nuque
d’habitude le Néogrec se débrouille
nourri comme l’élu qui mérite
quelque chose de plus que le troupeau
rapace adroit, sage avec ses finances.
Polyglotte et ignare
mais anglophone par excellence
orthodoxe et superstitieux
dépistant autour de lui des sources exploitables
et restant toujours un matérialiste hésitant.
Millionnaire qui joue le mendiant
prisonnier de ses propres passions
émigrant, aventurier jusqu’au bout de la terre
lié étroitement à sa mère par l’ombilic
susceptible, ambitieux infantile et lunatique
s’adaptant aux crédos de cette époque
vulgaire frimeur schizophrène et divisé
entre les valeurs familiales et économiques
tantôt posant à la star débridée
d’une série télévisée à Beverly Hills
tantôt au père-Mitsos le phallocrate
avec sa belle-mère
pitoyable en public, en privé éventuellement sympathique
autrefois patriote et révolutionnaire
maintenant s’agissant de réussir
cynique, impitoyable, racketteur brutal
ou au contraire s’accommodant de tout
un simple consommateur pris de panique.
Traduction : J. Kaminsky | Source
Peinture: Argyris Stylianidis (1909-1998), “Composition de Cubes avec maisons et bateaux”, 1978 (source: nikias.gr)
Le poème original en grec sur notre page facebook