Né en Ayvalık (Kydonies) en Asie mineure en 1904, Elias Vénézis appartient à la ‘’Génération des années ‘30’’, à cette génération d’écrivains et d’artistes grecs nés au début du XXe siècle qui s’est retrouvée dans les années 1930 au point le plus fort de leur parcours créatif.
Durant la ‘’Grande Catastrophe’’, Vénézis est capturé par les Turcs, en septembre 1922. 3000 personnes ont été, au total, capturées à Kydonies et seulement 19, dont Vénézis, ont retourné. La famille se rassemble, par la suite, à Mytilène ou Elias rencontre l’écrivain Stratis Myrivillis, qui l’encourage à se mettre à l’écriture.
‘‘La Grande Pitié” (Το Νούμερο 31328) est, dans un premier temps, publié en février 1924 au journal ‘’Kampana’’, édité par Myrivillis à l’île de Mytilène. Cette forme du livre, écrite après une vive et très fraîche expérience de l’esclavage, est fortement influencée par le style et le langage de Fotis Kontoglou et n’a que peu de rapport avec le livre, dans sa forme finale, édité plus tard.
En 1932, Vénézis travaille au siège de la Banque de Grèce à Athènes,où il a servi jusqu’à son élection à l’Académie d’Athènes en 1957. En octobre 1943, au cours d’un événement à la Banque de Grèce, il a été arrêté de la SS allemande. Pour 23 jours, il reste prisonnier et c’est grâce aux interventions de l’archevêque Damaskinos et du monde des arts et des sciences qu’il est libéré.
”La Grande Pitié” (Το Νούμερο 31328 en grec) est un témoignage personnel choquant qui présente de manière réaliste les conditions de vie difficiles dans les bataillons de travail turcs où des milliers de Grecs d’Asie mineure ont été retenus prisonniers, parmi Vénézis. Selon l’auteur, ”ce livre est écrit avec sang, avec de la matière chaude, de la chair de laquelle coule le sang et qui inonde les pages.Il n’y a rien de plus profond et de plus sacré qu’un corps tourmenté. Ce livre est un hommage à cette douleur.” Traduit en plus de 8 langues, il s’agit d’un des romans les plus lus de la littérature néohellénique. Au cours des années 1969 – 2011 plus de 162.930 exemplaires ont été publiés.
Dans son recueil de nouvelles ”Mer Égée” (1941), la mer est le fil conducteur. La mer, toujours, ambivalente, donne et prend, unit et sépare, porte avec elle la vie, la mort et les rêves. Ici, Vénézis met en scène, dans un cadre d’une beauté sauvage, d’humbles personnages malmenés par le destin et nous fait découvrir une Grèce vivante et attachante.
”Terre Eolienne” (1943) décrit le déchirement éprouvé par l’homme écrasé par son destin. Sous un climat de nostalgie, Vénézis met en scène les années de son enfance. Le récit se termine avec les premières persécutions menées par les Turcs en 1914-1915. Son style mêle lyrisme, réalisme et musicalité dans une forme et une composition libre, l’absence d’intrigue organisée permet la transformation de la réalité en imaginaire. Terre éolienne (1943) a obtenu en Grèce un immense succès. À la fois recueil de récits, élégie paysanne et souvenirs d’une enfance rêveuse, ce roman, d’une simplicité religieuse, fait revivre la vie pastorale, les aventures romanesques de brigands maniaques, les malheurs d’un peuple persécuté.
Trait caractéristique de l’œuvre de Vénézis est le recours au vécu, le subjectivisme, le climat de suggestion et un ton de souffrance empreint de sentimentalisme. Même quand la narration se fait à la troisième personne, la présence de l’écrivain se manifeste toujours derrière les histoires qu’il nous livre. Sa façon d’écrire est très proche du silence, alors qu’en même temps la musicalité lointaine de sa phrase en réalité jamais terminée, évoque l’écriture de poèmes. Sa langue est simple, distante de la langue des puristes et réussit à présenter de façon réaliste les grands événements qui ont marqué l’histoire du pays. Comme bien de critiques l’ont remarqué tous les sujets de Vénézis n’en forment qu’un seul : la destinée du peuple grec durant les premières décennies du XXe siècle.
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