Michalis Psalidopoulos est professeur au département d’économie de l’université d’Athènes et, depuis juin 2015, directeur exécutif adjoint au FMI. Avant de rejoindre le FMI, il était titulaire de la chaire Constantine Karamanlis en études helléniques et européennes à la Faculté de droit et de diplomatie de Fletcher de l’Université Tufts (2010-2014) et Président du Centre de planification et de recherche économique à Athènes (2015).
Ses recherches portent principalement sur les traditions nationales de l’histoire de l’économie et sur les relations entre la pensée, la politique économique et la bonne gouvernance. Parmi ses livres publiés en grec on cite les titres : La crise de 1929 et les économistes grecs (1989), La théorie keynésienne et la politique économique grecque (1990), Les théories économiques et la politique sociale (1997) etc.
Parmi ses publications récentes en anglais on cite, à titre indicatif: The Canon in the history of economics, Economic Thought and policy in Europe΄s less developed countries (2000), A world of crisis and shifting geopolitics: Greece, Europe and the Eastern Mediterranean (2011), The Great Depression in Europe: Economic thought and policy in context (2012), The German Historical School and European Economic Thought (2015).
GreceHebdo* reprend ici l’interview que Michalis Psalidopoulos a accordée à GreekNews Agenda (en anglais).
Quel futur pour la Grèce lelendemainde la conclusion des memoranda qui ont marqué la vie politico-économique au cours des dernières années ?
Il ne fait guère doute que la politique économique acquiert désormais un degré d’indépendance qui n’existait pas avant le 20 août 2018. A noter pourtant que les engagements de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers ainsi que la surveillance budgétaire (comme c’est le cas d’ ailleurs dans d’autres États membres de l’UE) demeurent, mais il n’y aura plus d’intervention quotidienne minutieuse pour ce qui est de la mise en application des politiques publiques.
Certains analystes affirment que la Grèce sera obligée de s’approprier de nouveaux programmes de soutien. Qu’est ce qu’Athènes doit faire pour éviter une telle éventualité ?
Je crois que nous devons établir une distinction entre les analystes sérieux et les prophètes professionnels de malheur. Toute économie confrontée à des déséquilibres macroéconomiques a souvent besoin du soutien des institutions internationales pour les surmonter. Notre pays doit veiller à l’équilibre budgétaire pour éviter un nouveau plan de soutien venu de la communauté internationale. Dans ce contexte, une surveillance accrue sur le plan économique est indispensable, ainsi que la prise des mesures immédiates lorsqu’un déséquilibre grave se produit. La pratique consistant à couvrir les problèmes et à éviter les changements dans la politique économique pour ne pas nuire aux divers intérêts sur place doit être éliminée.
Certains économistes et analystes estiment que la dette de la Grèce n’est pas soutenable. Quelle est votre opinion ?
La dette nominale du pays est en effet énorme, en s’élevant à environ 180% du PIB. En revanche, la grande partie de cette dette reste publique (européenne) et elle n’est donc pas exposée à la spéculation sur les marchés financiers, tandis que les besoins nets de financement de l’État pour le remboursement de la dette publique sont sous contrôle dans la mesure où ceux- ci se situent entre 15 et 20% par an. A noter aussi que l’Eurogroupe a récemment pris des décisions visant l’allégement de la dette grecque et s’est engagé à prendre de nouvelles mesures en 2033. Il faut par conséquent réorienter le débat pour aborder la question importante de la croissance en se dégageant des analyses théoriques sur la viabilité de la dette grecque.
Pensez-vous que l’économie grecque sera en mesure de converger avec les économies les plus développées des pays de l’UE dans les années à venir ?
Je crois que la croissance à moyen terme de l’économie grecque sera satisfaisante malgré le fardeau de l’actuel système de taxation. Il y a sans aucun doute plusieurs difficultés à surmonter à commencer par le fait qu’il n’existe plus de grands marges de manœuvre pour ce qui est des grands investissements publics nécessaires pourtant pour donner au pays un nouvel essor afin de réduire le chômage et exploiter les facteurs inactifs de la production. Il ne faut pas méconnaître que l’initiative privée capable de susciter une convergence galopante avec les économies européennes se heurte sur le choc que le secteur privé a subi au cours de ces huit dernières années. Les attentes des investisseurs grecs sont encore sous le guide de la crise et le secteur public devrait oser à travers toute une série de mesures afin que les investisseurs privés soient incités à prendre des risques. J’ai l’impression que les institutions européennes commencent progressivement à rendre compte de ce problème.
*Traduction de l’anglais : Magdalini Varoucha. Edition de texte : Costas Mavroidis
M.V.