Jean Moréas, poème “Je ne regrette rien”, Recueil “Les Stances” (1901)
Ioánnis A. Papadiamantópoulos, son nom de plume Jean Moréas, né à Athènes le 15 avril 1856, et mort à Saint-Mandé (Seine) le 30 avril 1910, est un poète symboliste grec d’expression française. Issu d’une famille distinguée grecque, fils de magistrat, Jean Moréas reçoit une éducation française et va à Paris en 1875 pour y faire ses études de droit. Il y fréquente les cercles littéraires. Il rentre brièvement en Grèce avant de revenir s’installer à Paris en permanence vers 1880.
Jean Moréas propose le terme “Symbolisme”
Le terme “Symbolisme” est proposé par Jean Moréas, qui utilise ici l’étymologie du mot “symbole” (« jeter ensemble ») pour désigner l’analogie (que cette poésie souhaite établir) entre l’idée abstraite et l’image chargée de l’exprimer. Pour les symbolistes, le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle. Il est un mystère à déchiffrer dans les correspondances qui frappent d’inanité le cloisonnement des sens : sons, couleurs, visions participent d’une même intuition qui fait du Poète une sorte de mage.
Jean Moréas publie le Manifeste symboliste, “Le Symbolisme”, dans Le Figaro du 18 septembre 1886, dans lequel il écrit:
Ennemie de l’enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective, la poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l’Idée, demeurerait sujette […] Pour la traduction exacte de sa synthèse, il faut au symbolisme un style archétype et complexe ; d’impollués vocables, la période qui s’arc-boute alternant avec la période aux défaillances ondulées, les pléonasmes significatifs, les mystérieuses ellipses, l’anacoluthe en suspens, tout trop hardi et multiforme ; enfin la bonne langue – instaurée et modernisée […]
Les artistes symbolistes cherchent à exprimer une expérience émotionnelle individuelle à travers l’utilisation subtile et suggestive d’un langage hautement symbolisé. Les principaux poètes symbolistes sont les Français Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Jules Laforgue, Henri de Régnier, René Ghil et Gustave Kahn; les Belges, Émile Verhaeren et Georges Rodenbach et le Grec, Jean Moréas.
Moréas annonce que le symbolisme est hostile au sens ordinaire, à la déclamation, à la fausse sensibilité. Son but est plutôt de vêtir l’idéal sous une forme perceptible. Ainsi, dans cet art, les tableaux de la nature, les actions des humains, tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes: ce sont des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec des idées primordiales.
L’Ecole romane, le néo-classicisme
Approfondissant cette esthétique, il se détourne du symbolisme pour fonder en 1892 l’École romane, qui veut rompre avec l’hermétisme et opposer à l’obscurité et aux brumes du nord la lumière du monde gréco-latin, provoquant un vif débat au sein de la revue L’Ermitage, entre autres. Mais tout comme il s’était rapidement détourné du symbolisme après l’avoir créé, Moréas délaisse le romanisme pour le néo-classicisme. Son recueil le plus célèbre, Stances 1899, illustre cette nouvelle ambition avec plus de bonheur que les œuvres antérieures.
M.V.
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