Nikos Kazantzakis (1883-1957) est l’un des écrivains européens les plus importants du XXe siècle, non seulement poète, mais aussi homme d’action engagé dans son temps. Penseur influencé par Nietzsche et Bergson, dont il suivit l’enseignement à Paris, Kazantzakis a fait preuve d’une “
éthique puissante où résonnent les mots lutte, refus des espoirs, quête d’une certaine immortalité à travers l’élaboration d’un surhomme qui s’incarnera dans l’Ulysse de son Odyssée”.
Níkos Kazantzákis ou Kazantzaki (connu aussi come Kazantsakis), est né le 18 février 1883 à Héraklion dans l`île de Crète, encore territoire de l`Empire ottoman, et mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne). Considéré comme un géant de la littérature grecque moderne, Kazantzakis a été
nominé pour le prix Nobel de littérature en neuf années différentes.
Enfance, études et carrière
Négociant en vins et produits agricoles, Michalis Kazantzakis (1856-1932), le père de Nikos, est originaire du village de Varvari, où se trouve aujourd’hui le Musée Kazantzakis. Nikos est né à Megalo Kastro (Héraklion), la capitale de la Crète occupée par les Ottomans, le 18 février 1883. En 1889, à l’âge de six ans, lorsque les révolutionnaires crétois échouent à libérer l’île du joug turc, la famille Kazantzakis se réfugie pour six mois en Grèce.
A gauche (debout, de gauche à droite): Nikos Kazantzakis et ses sœurs, Anastasia et Eleni, (assis) le frère de sa mère, Antonis Christodoulakis, et sa mère, Maria. (Assis devant) Ses cousins, Anna et Georgios, enfants d’Antonis Christodoulakis. A droite: La maison paternelle de Nikos Kazantzakis, à Héraklion, en Crète (dessin de Amfitriti G. Petrea. 1956.)
De retour à Héraklion, Nikos fréquente l’école primaire, mais il y a une nouvelle insurrection crétoise en 1897-1898, cette fois couronnée de succès. Cependant, pour plus de sureté, au début de la dernière rébellion crétoise, la famille Kazantzakis s’installe à Naxos, où ils restent environ deux ans. Nikos commence ses études secondaires à l’Ecole Mercantile de la Sainte Croix, dirigée par des frères franciscains français, et alors naît son amour de la langue française. Là, il apprend le français et l’italien et commence à se familiariser avec la littérature européenne, et surtout entre en contact avec la culture occidentale. Après la restauration de la paix en 1899, la famille retourne définitivement à Héraklion, où Nikos termine ses études secondaires en 1902.
Nikos Kazantzakis (cinquième en partant de la gauche) avec des camarades de classe, à Héraklion, lors d’une rencontre sportive, 1899.
De 1902 à 1906, étudie à l’Université d’Athènes et devient Docteur en droit ; il compose ses premières œuvres et publie son premier roman : Le Lys et le Serpent. De 1907 à 1909, il se rend à Paris pour étudier la philosophie et suit les cours d’Henri Bergson, philosophe qui devient maître de Kazantzakis. De Bergson, il retient la théorie de l’élan vital. En 1910, Kazantzakis retourne en Grèce, et il traduit des œuvres de philosophie. L’année suivante, il épouse Galatia Alexiou (mais ils se séparent en 1926).
A gauche: Nikos Kazantzakis étudiant à la faculté de droit d’Athènes, 1904. A droite: Kazantzakis étudiant à Paris, 1908.
Lorsqu’éclate la
Première Guerre Balkanique, il s`engage dans l`armée comme volontaire et en 1919, il est nommé au Cabinet du Premier Ministre
Elefthérios Vénizélos, qui nomme Kazantzakis Directeur général au Ministère de l`Assistance publique, avec mission spéciale de rapatrier 150,000 Grecs du Caucase en proie aux persécutions des Bolcheviques suite a la Révolution russe de 1917.
Il démissionne de ce poste, et voyage en Allemagne, en Crète, en Autriche et en Italie entre 1921 et 1924. Il rencontre alors
Éleni Samiou à Athènes, et commence son Odyssée, sa grande œuvre poétique de 33,333 vers de dix-sept syllabes. Il se concentre sur son œuvre littéraire.
En 1941, tandis que les Allemands occupent la Grèce continentale, puis la Crète, Kazantzakis noie son chagrin dans le travail. Il termine la première rédaction de son drame “Bouddha”, revoit sa traduction de Dante et entreprend un roman initialement intitulé “Le Synaxaire de Zorbas”. En 1942, il se jure d`abandonner l`écriture le plus tôt possible pour se relancer dans la politique.
Nikos Kazantzakis au village de Krasi, en Crète, 1912.
De gauche à droite: Galatia Kazantzakis, Elli Alexiou, Markos Avgeris, Kostas Varnalis, Nikos Kazantzakis et Charilaos Stefanidis.
Mission de l’auteur
En 1945, le gouvernement l`envoie en mission en Crète afin d`y enquêter sur les atrocités allemandes. En novembre, il épouse sa fidèle compagne Eleni Samiou et en 1945, il prête serment en tant que Ministre sans Portefeuille dans le gouvernement de coalition de
Themistoklis Sophoulis.
Il se retire de son poste en 1946, quitte la Grèce pour s’installer en France. En 1947, Kazantzakis est nommé à un poste à l`UNESCO, dirigeant le
Département des Traductions Classiques. Lui-même traduit sa pièce de théâtre “Julien l’Apostat”. “Alexis Zorba” est publié à Paris. En 1948, il continue à traduire ses pièces de théâtre. Et finalement il démissionne de son poste à l`UNESCO afin de se consacrer entièrement à l`écriture. “Julien l’Apostat” est joué à Paris (pour une seule représentation).
Un Grec à Antibes
Le couple Kazantzakis déménage à
Antibes, où l’auteur rédige immédiatement la tragédie “
Sodome et Gomorrhe“. En Angleterre, aux USA, en Suède et en Tchécoslovaquie, des éditeurs acceptent de publier “Alexis Zorba”. Kazantzakis rédige en trois mois la première version du “
Christ recrucifié” et passe encore deux mois à la retoucher.
La dernière décennie de sa vie fut tout aussi intense et créative; ayant acquis une reconnaissance internationale, il écrivit des romans et des pièces de théâtre, traduisit des livres.
Dans
la maison où Kazantzakis s’est installé avec sa femme Eleni en 1948, il a produit quelques-unes de ses œuvres les plus connues: “Zorba le Grec”, “Christ recrucifié” et “Capitaine Michalis”.
Antibes – “Antipolis” en grec antique – revendique une place de Nikos Kazantzakis. Au large de la rue du Bas Castelet, il y a une belle allée bordée d’arbres et un banc avec une dédicace de marbre à l’auteur crétois.
A gauche: Nikos et Eleni Samiou (Kazantzakis) sur leur balcon à Antibes en mai 1957, cinq mois avant la mort de Nikos. A droite: Kazantzakis à Barcelonnette, en France. 1954. (Photographies de Kimon Friar).
L’œuvre de Kazantzakis
De
plus en plus de traductions de ses œuvres en langues européennes et autres sont apparues; ses pièces ont été diffusées sur des stations de radio européennes et se sont produites dans des théâtres européens. En 1954, Zorba le Grec remporta le prix du meilleur roman en langue étrangère en France; W. B. Stanford a consacré un chapitre de son livre sur le thème d’Ulysse à l’Odyssée de Kazantzakis;
la version cinématographique de “Christ recrucifié” de
Jules Dassin a été acclamée au Festival de Cannes en 1957.
Avant-première à Cannes du film de Jules Dassin, “Celui qui doit mourir”, tiré du roman de Nikos Kazantzakis, Le Christ Recrucifié. Nikos Kazantzakis entouré d’Eleni, de Jules Dassin et de Melina Mercouri. Avril 1957.
Des romans de Nikos Kazantzakis sont devenus des films
plusieurs fois primés tel Alexis Zorba mis en scène par Michael Cacoyiannis et devenant
Zorba le Grec avec, dans les rôles principaux, Anthony Quinn, Alan Bates, Lila Kedrova et Irène Papas. En 1964, ce film a offert trois Oscars à la Grèce. De plus,
La Dernière Tentation, mise en scène par Martin Scorsese (
La dernière tentation du Christ), a été nommée pour l’Oscar de la meilleure réalisation en 1988. Avant même sa sortie en salle, le film a provoqué de vives oppositions et de violentes réactions chez les chrétiens intégristes. Les salles qui en assuraient la projection ont été les cibles d’attaques organisées.
La “
Société internationale des amis de Nikos Kazantzakis – Section française” a pour but de “Promouvoir, sous différentes formes et sous différents medias, l’œuvre de Nikos Kazantzaki, écrivain, poète et penseur grec (1883-1957). Réunir et diffuser les documents sur ses écrits et ses séjours principalement en France”. La
Société Internationale des Amis de Nikos Kazantzaki” unique organisme sans but lucratif consacré à la promotion dans le monde entier de l’œuvre du grand Crétois, qui a demandé en 2015 au Ministère grec de la Culture de proclamer 2017 « Année Nikos Kazantzaki », et cette demande fut acceptée.
Ecrit par Nicole Stellos | GreceHebdo.gr
Nikos Kazantzakis avec Elsa Lange en Allemagne, juillet 1923.
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M.V.
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