En 2012, la Grèce est depuis un bon moment au menu de toutes les discussions à l’échelle planétaire. En pleine crise, au bord de la faillite, elle suscite la curiosité, l’angoisse, la critique sévère, mais aussi la solidarité et la compréhension. L’enjeu autour d’elle reste ouvert, ambigu, exposé aux analyses les plus diverses venues de tous les coins du monde. Les évaluations abondent et les termes péjoratifs n’en sont pas moins présents à côté d’actes d’amitié et de soutien.
Pour comprendre le cas grec, certains se réfèrent à un système politique corrompu dont le clientélisme dominant pendant des décennies est à l’ origine de tous les excès possibles. D’autres invoquent le caractère national grec qui favorise le fainéantisme, le manque de retenu, le gaspillage irrationnel. Et d’un autre point de vue, l’accent est mis sur l’aspect systémique de la crise qui frappe à plein fouet les maillons faibles de la composition européenne toute en menaçant bien évidemment la construction monétaire dans son ensemble sans pour autant oublier le côté trop punitif des créanciers «calvinistes» envers le «cancre» de l’ Union Européenne. Les stéréotypes ne cessent d’alimenter la guerre des interprétations à côté des mémorandums avec la Troïka qui plongent le système politique grec dans un discrédit accru. Quoi qu’il en soit, le problème grec reste avant tout un problème européen à côté du problème espagnol, portugais, chypriote, français, italien, irlandais etc. qui met en épreuve la suite européenne.
A ce moment précis, en juillet 2012, GrèceHebdo en tant qu’édition du Secrétariat Général aux Médias et à la Communication commence à avoir des entretiens avec des personnes influentes de tout bord pour parler de la Grèce de façon plurielle sous des angles différents dans la mesure où celle-ci ne se réduit pas seulement à une actualité menaçante mais elle envahit l’imaginaire européen voire mondial par son histoire et sa culture. En témoigne justement de façon catégorique le moment où la sortie de la Grèce de la zone euro devient forte probable au Sommet européen du 13 juillet suite au référendum du «non». La Grèce fait la «une» du paysage médiatique et un rapport nécessaire s’impose entre la Grèce et le patrimoine culturel de toute l’Europe en alimentant un nouveau philhellénisme.
Notre tour d’ horizon comporte, quant aux entretiens, des hommes politiques, écrivains, philosophes, cinéastes, comédiens, poètes, diplomates, réfugiés, historiens, sociologues, éditeurs etc. Nous parlons de la Grèce en français et nous sommes prêts à découvrir les regards que les francophones de toute origine portent sur notre pays mais aussi les regards que les Grecs portent sur eux-mêmes et sur leur pays. Au bout du compte, les échanges s’avèrent vraiment fructueux.
Bilan provisoire, 75 entretiens pour mieux discuter et comprendre l’épineux présent mais aussi pour mieux saisir la pluralité et la richesse de l’identité grecque au fil du temps. Se dessine une Grèce multiple, souvent méconnue, étonnante, «profonde», séduisante, loin des clichés touristiques et des symboles saturés. Et l’aventure continue!