(Kafeneio « La Belle Grèce ». Un nom de Kafeneio très répandu en Grèce pendant longtemps)
Le «kafeneio» ou «kafeneia» au pluriel sont les cafés traditionnels grecs qui constituaient pendant les derniers siècles le centre de la vie sociale dans les villes mais aussi aux plus petits villages. Impossible d’imaginer un petit village où il n’existe pas un kafeneio même si ses clients on peut les compter sur les doigts d’une main.
(Le kafeneio « 111 » à Monastiraki à Athènes. Il fonctionne depuis 1918.)
C’est le premier endroit qu’on visite pour demander une information sur les habitants du village, de la ville ou du quartier, sur les routes qu’on doit prendre ou sur les attractions touristiques de la région. Mais on peut tout simplement aussi s’asseoir et se reposer après un long voyage en buvant du café grec, comme on l’appelle, ou de l’ouzo, accompagné des petits plats de la région.
(Le « Kafeneio de Forlidas » au village Lafkos de Pelion. Le plus ancien kafeneio de la Grèce. Il fonctionne sans interruption depuis 1785.)
Les vieux kafeneia traditionnels on peut les trouver aujourd’hui surtout en province où ils constituent des belles surprises surprenantes. On les découvre autour des places, au-dessous des grands arbres, comme des vieux platanes, à côté de petites rivières, ou au sein des endroits qui offrent des vues splendides sur des paysages montagneuses, sur un lac ou la mer.
(Le « Megalo Kafeneio » à Tripoli. Un des plus beaux cafés de la Grèce, plutôt bourgeois, à son époque, que populaire, grâce à sa décoration et ses meubles de style viennois (vendus malheureusement aujourd’hui), le kafeneio fonctionne sans interruption depuis 1897.)
Les kafeneia traditionnels étaient depuis toujours des endroits des rencontres, destinés presque exclusivement auparavant à la population masculine, où ils allaient le petit matin pour boire du café ou du cognac (en hiver) avant d’aller travailler, pour manger un petit plat à midi, ou passer l’après midi et le soir en jouant aux cartes et au backgammon ou en discutant de la politique ou du football.
(« Le Kafeneio de Skoulas » ou « Plateia Syntagmatos » au Village Anogia de Crète. Toute l’histoire du village héroïque est accrochée sur ses murs, de la révolution contre les Turcs jusqu’à la résistance contre les Allemands.)
Les disputes devenaient parfois intenses, surtout avant les élections législatives, quand les querelles duraient tard dans la nuit. Aucun sujet n’était exclu, tout ce qu’on lisait dans les journaux, et plus tard écoutait à la radio ou regardait à la télé était posé sur la table en donnant le prétexte pour un débat sans merci !
(Le kafeneio-épicerie « Akanthos » au village Kalarrytes en Epire. Il fonctionne sans interruption depuis 1840.)
Dans plusieurs cas, on a eu même des kafeneia qui représentaient une certaine tendance politique ou un certain parti politique, en accord souvent avec les idées politiques de son propriétaire. Autour de la place, il y avait par exemple un cafeneio de gauche et un de droite. Les murs aussi du kafeneio donnaient une idée de son appartenance politique.
(« Le kafeneio de Nassos » à Florina, en Macédoine.)
Dans les kafeneia des royalistes on voyait accrocher le couple royale, bien que les républicains et les libéraux eussent des photos de leurs grandes figures politiques comme Konstantinos Karamanlis ou Eleftherios Venizelos. Les kafeneia de la gauche étaient beaucoup plus « silencieux » parce que pendant des longues périodes de l’histoire grecque contemporaine constituaient des cibles du pouvoir politique.
Les murs des kafeneia offraient aussi un aperçu de l’histoire du village ou de la ville, des photos des habitants, des équipes de football, des vieux bâtiments qui n’existaient plus, ou quand il s’agissait des réfugiés, des photos de leur pays d’origine en Asie Mineure ou dans les Balkans.
Aujourd’hui encore on peut trouver les kafeneia traditionnels, surtout en province et sur les petites îles, mais aussi dans les grandes villes et la capitale grecque. Parfois même on a la chance de constater qu’ils sont restés inaltérables au passage du temps ; Des meubles usés, des photos et des affiches décolorées, des murs imprégnés par la fumée des cigarettes. Les Kafeneia ont inspirés beaucoup d’artistes et des cinéastes ; Une scène très caractéristique on peut trouver au chef d’œuvre de Theo Angelopoulos « Le Voyage des Comédiens » dans le kafeneio « Panellineion » de la ville d’Amfissa.
(Le kafeneio « Panellineion » à Amfissa. Il nous rappelle les troupes de théâtre itinérantes qui traversaient la Grèce, pendant la période de l’entre-deux-guerres et après la deuxième guerre mondiale, en jouant des pièces populaires. Dans ce kafeneio a été tourné la scène caractéristique du film de Theo Angelopoulos « Le Voyage des Comédiens ». )
Le kafeneio se distingue des autres cafés bourgeois ou des cafés littéraires qui sont vraiment une toute autre histoire, même si certains écrivains, comme Alexandros Papadiamandis par exemple trouvait ses sujets dans les kafeneia traditionnels. Les kafeneia sont les lieux ou le café grec coûte égal ou moins de un euro cinquante, comme a écrit Giorgos Pittas dans son livre « Cafes of Greece » une édition bilingue, en grec et en anglais, qui comprend des superbes photos par une centaine des kafeneia dispersés un peu partouten Grèce.
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