L’année 2020 a récemment été proclamée « Année Melina Mercouri » par le ministère de la Culture grec. La ministre de la Culture Lina Mendoni a présenté fin janvier au siège de la Fondation Melina Mercouri (FMM) une série de célébrations qui marqueront le centenaire de la naissance de l’actrice, femme politique et ancienne ministre de la culture, en présence du président de la Fondation Ch. Argyropoulos, la Secrétaire Générale M. Pavlidou et le Directeur du Théâtre National D. Lignadis, tous membres du comité de programmation présidé par l’ancien ministre de la Culture français Jack Lang. Le public athénien a déjà pu assister le 29 janvier au premier grand événement de cette programmation, la présentation des « Actes de l’atelier international pour la réunification des sculptures du Parthénon » au Musée de l’Acropole, accompagnée de la projection d’une vidéo curée par la Fondation portant sur l’œuvre de Melina et sa lutte personnelle pour la restitution des marbres du Parthénon exposés au « British Museum » à la Grèce.
Suivront la présentation de l’exposition commémorative à la Fondation Folklorique du Péloponnèse « Notre Melina » le 26 février, puis une série d’expositions photographiques fin mars au siège de l’UNESCO à Paris portant de nouveau sur la restitution des marbres du Parthénon ainsi que le combat contre le trafic d’antiquités.
À noter que cette année le Prix Melina Mercouri pour meilleure jeune actrice de théâtre sera décerné par la FMM au théâtre Rex comme annoncé par le directeur du Théâtre National Dimitris Lignadis. La récompense de cette année aura une dimension particulièrement éducative, adressée aux jeunes générations.
Comme est de coutume en Grèce, la période estivale sera marquée par un concert musical plein-air, avec en tête d’affiche Alkistis Protopsalti au Petit Théâtre de l’Epidaure en juin avec des chansons associées à l’œuvre de Melina.
Une grande exposition de longue durée est prévue par la suite, de juillet jusqu’en septembre, à la Technopolis de la Municipalité d’Athènes, comprenant des photos, affiches, costumes, et même la correspondance privée de Melina avec d’autres célébrités de son temps. L’exposition est organisée par la FMM avec l’assistance de Manuela Pavlidou et Yorgos Pilihos, et sera curée par Nikos Kaltsas.
Le 18 octobre, date de naissance de Melina, marquera la culmination des célébrations, avec un événement spécial programmé au Théâtre Municipal du Pirée sous le titre « Le Pirée célèbre Melina ». Cette même journée, la FMM organisera en collaboration avec le ministère de la Culture un atelier dédié à l’œuvre de Melina en tant que ministre de la Culture avec une attention spéciale portée sur l’expérience réussie des théâtres municipaux régionaux (DIPETHE).
Une figure emblématique de la Grèce contemporaine à l’œuvre multidimensionnel
Née à Athènes en 1920, issue d’une famille de la grande bourgeoisie, Mélina est la petite-fille du maire d’Athènes Spyridon Mercouris. Déterminée à devenir actrice malgré l’opposition de sa famille, elle étudie à l’Ecole Dramatique du Théâtre National et commence sa carrière sur scène à Athènes avant de s’installer à Paris, où elle rencontrera Marcel Achard et jouera des pièces de boulevard dans les années 1950. Son premier rôle au cinéma sera dans Stella (1950) de Michalis Cacoyannis. Durant cette même période elle collaborera aussi avec le réalisateur (et futur deuxième mari) Jules Dassin ; Melina jouera dans huit de ses films, dont le plus connu fut Jamais le Dimanche (1960), œuvre cinématographique associé pour toujours avec la musique de Manos Hadjidakis et la chanson « Les Enfants du Pirée ». Melina recevra le prix de meilleure interprétation féminine au Festival de Cannes pour sa performance en tant qu’ « Ilya », prostituée au grand cœur, femme indépendante et insoumise.
La junte des colonels (1967-1974) signalera l’engagement politique ouvert de Melina en faveur de la cause démocratique, surtout depuis la France, où elle résidera ayant été privée de sa citoyenneté grecque par le régime militaire grec. La restauration de la démocratie permettra à Melina de retourner en Grèce et de se consacrer à la politique au sein du PASOK, dont elle sera membre fondateur. Elle fera partie des gouvernements du PASOK en tant que ministre de la Culture durant la période 1981-1989 et de 1993 jusqu’à la fin de sa vie en 1994. Durant ses mandats, elle s’adonnera passionnément à la cause de la restitution à la Grèce des marbres du Parthénon (actuellement exposés au « British Museum »), lutte poursuivie après sa mort par la FMM, créée par son compagne Jules Dassin. En même temps, Melina aidera à instituer des idées innovantes telles que la « capitale européenne de la culture » ou la décentralisation de la production artistique théâtrale par la voie des DIPETHE.
À noter que depuis 1995, un prix international Mélina Mercouri a été inauguré par l’UNESCO, en récompense pour des actions de sauvegarde et de mise en valeur des grands paysages culturels du monde.
Aujourd’hui encore, le nom « Melina » est associé partout en Grèce avec la mémoire de cette figure emblématique et de son œuvre pluridimensionnel.
Dimitris Gkintidis | Grecehebdo.gr
*Photo intro par Nijs, Jac. de / Anefo, Source: Nationaal Archief/ Wikimedia Commons.