Portrait de Dimitri Paléologopoulos, historien autodidacte qui a pris des leçons d’histoire dans une école (Laiko Didaskalio) autogérée par ses compagnons communistes au moment où la guerre civile grecque faisait rage dans le Péloponnèse en 1948. GrèceHebdo et Panorama Griego ont pu le rencontrer à l’âge de 86 ans pour qu’il parle de sa vie consacrée à la lutte pour un monde meilleur et à ses recherches historiques. L’enfance de Mitsos- comme ses amis l’appellent- a été marquée par le souci de son père d’avoir des nouvelles par les journaux sur l’évolution de la guerre civile espagnole. Après la défaite de l’ «Armée Démocratique de Grèce» (communistes) en 1949, Mitsos méne la vie typique d’un homme de gauche en sémi-clandestinité. Réfugié politique, persécuté par les colonels au moment de la dictature, il se trouve avec la femme de sa vie Roula à Paris et participe au mouvement de Mai 68. Il travaille en tant qu’ouvrier de Simca toute en effectuant des recherches sur la participation des volontaires grecs à côté des Républicains espagnols, sujet largement ignoré par l’historiographie. Il tire son matériel des archives de Maurice Thorez et découvre une présence grecque tout-à-fait remarquable.
400 combattants Grecs sont venus de France, de Chypre, de l’Union Soviétique, de tous les horizons pour apporter leur soutien aux combattants républicains. L’arrivée des bénévoles de Grèce elle-même reste relativement limitée à cause de l’éclatement de la dictature de Metaxas qui met des obstacles à la libre circulation des personnes. Les anarchistes et les trotskystes grecs se dirigent vers Barcelone à travers Marseille, les communistes se réunissent plutôt vers Valence et leur équipe s’approprie le nom de Rigas Fereos, héros de la lutte anti-ottomane. Paléologopoulos enregistre leur présence aux moments des combats ainsi que le nombre des morts et les traces des vivants après la défaite des Républicains. La recherche reste ouverte et Mitsos cherche encore les parcours particuliers des combattants marqués aussi par la persécution non seulement de la dictature de Metaxas mais aussi du régime stalinien lorsque nombreux survivants se tournent par la suite vers «la patrie du socialisme ». L’ouvrage de Mitsos Paléologopoulos « Les bénévoles antifascistes Grecs dans la guerre civile espagnole» (Editions Paraskinio) paraît en 1983 et connaît depuis d’autres éditions qui comblent une lacune considérable dans la recherche historiographique. Pour le reste, Mitsos travaille sur la résistance nationale grecque et bien évidemment sur la microhistoire de la guerre civile grecque, sans pour autant oublier un ouvrage consacré à Panayotis Sofianopoulos, l’un des premiers socialistes grecs au fil du XIXème siècle. En le saluant, on garde sa fidélité aux idéaux de sa jeunesse et son soif pour l’écriture de l’histoire dans la mesure où le matériel inédit reste abondant.
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