À l’ occasion de la première célébration de la Journée Mondiale de la Langue Grecque du 9 fèvrier 2018, le Président de l’association “Les Amis de la Grèce au Luxembourg”, Edouard Wolter, infatigable défenseur de la promotion de la langue grecque au Luxembourg, a accordé une interview au Bureau de Presse et de Communication de l’Ambassade de Grèce au Luxembourg à propos de l’ activité remarquable de l’association “Les Amis de la Grèce au Luxembourg” depuis 1952 sur ce domaine, en expliquant en même temps comment la langue grecque reste la base de la civilisation fondatrice pour notre identité européenne et contibue à la communication et la compréhension entre le peuple grec et le peuple luxembourgeois.  

Angelos Theodoropoulos (1883-1965), Livres, 1948

Est-ce-que vous pourriez nous présenter en bref l’activité des “Amis de la Grèce au Luxembourg” pendant toutes ces années?

Fondée en 1952 par un groupe de Luxembourgeois et de Grecs, résidant à Luxembourg, l’association sans but lucratif “Les Amis de la Grèce” avec le but « d’entretenir et d’intensifier des relations culturelles, économiques et touristiques entre le Grand-Duché de Luxembourg et la Grèce » a organisé au fil des années des voyages d’étude, des conférences, des cercles de lecture et surtout, à partir de 1964, des cours de langue grecque moderne qui attirent chaque année une quinzaine d’élèves de toutes nationalités, intéressés, pour des motivations diverses, à apprendre le grec moderne. 

Est-ce-que vous croyez que la langue et la civilization grecques sont bien connues au Luxembourg et que peut-on faire encore pour leur propagation? Que pensez-vous sur une introduction éventuelle de la langue grecque moderne à l’enseignement sécondaire public au Luxembourg?

Dans ce contexte, des contacts ont été pris entre M. l’ Ambassadeur de Grèce à Luxembourg et M. le Directeur de l’Athénée de Luxembourg en vue de l’introduction de la langue grecque moderne comme option parmi d’autres langues étrangères (italien, espagnol, portugais, russe..) dans l’enseignement public.

Dans le programme officiel de l’enseignement secondaire au Luxembourg l’étude du grec ancien était prévue dans le cadre d’une section gréco-latine sur 5 années. Actuellement cette section n’existe plus que sur le papier (à tel point que mon ancien professeur de grec préférait parler du grec non pas comme d’une langue morte, mais plutôt d’une langue assassinée), mais fort heureusement on constate depuis quelques années un regain d’intérêt chez les lycéens pour la langue et la civilisation grecques, présentées en option (en dehors des cours obligatoires), ce qui fait que depuis une dizaine d’années une quarantaine d’élèves du secondaire à travers tous les lycées du pays se sont initiés, chaque année, au grec ancien et à la civilisation grecque.

On aurait d’ailleurs tort de séparer les deux : à travers l’étude de la langue on découvre la civilisation qui est fondatrice pour notre identité européenne, comme le montre le numéro 25 de l’édition du Figaro Histoire, avril/mai 2016’, sous le titre  “Ce que nous devons à la Grèce“.

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“La langue est une vision du monde”, selon la phrase célèbre: L’apprentisage de la langue grecque a-t-il contribué à la compréhension entre les deux peuples ?

Il est évident que la connaissance de l’Autre passe nécessairement par l’intermédiaire de la langue. Rien ne remplace la communication directe sans traduction. Combien de préjugés, de malentendus pourraient être évités, si l’on se comprenait sans le détour d’une traduction souvent approximative. J’ai pu constater, au cours de mes fréquents voyages en Grèce, à quel point les Grecs ont été sensibles au fait qu’un étranger leur parle dans leur langue maternelle, montrant par là qu’il s’intéresse à eux, à leur identité, à leur mode de vie, et non seulement aux vieilles pierres, comme le font malheureusement beaucoup de touristes !

Un grand sujet de satisfaction a été pour moi, suite à un échange scolaire entre des élèves de l’Athénée de Luxembourg et des élèves du 2e Lycée Unifié d’Heraklion, la création en 2002,  à Heraklion, d’une association  « Les Amis du Luxembourg en Crète » qui « vise à garder vivant- à l’aide des échanges, des visites, des forums et d’autres manifestations- le dialogue entre les pays européens ». Cette année-ci aura lieu un nouvel échange avec le 1er Lycée d’Heraklion.

Prenons maintenant le cas du “Prix Muller”: Cette année on prépare le relancement de l’octroi de ce prix, qui promeut les liaisons greco-luxembourgeoises. Qu’-est-ce que vous attendez?

Autre expression de l’amitié entre le Luxembourg et la Grèce est le prix Henri et Madeleine Muller. Créé en 2005 à l’initiative de M. Héraclès Galanakis, ancien directeur du Bureau de presse auprès de l’Ambassade de Grèce à Luxembourg, ce prix porte le nom du professeur philhellène Henri Muller, cofondateur de l’association « Les Amis de la Grèce » et traducteur des 24 rhapsodies de l’Odyssée d’Homère ainsi que des romans Alexis Zorba et le Christ recrucifié de Nikos Kazantzakis

Il récompense une personnalité grecque ou luxembourgeoise pour son engagement dans le développement des relations culturelles et amicales entre le Luxembourg et la Grèce. Cette année, c’est un couple helléno-luxembourgeois, Monsieur Arsène Schiltz et Madame Kalliopi Papaioannou qui a été désigné à l’unanimité par la Communauté hellénique de Luxembourg et “Les Amis de la Grèce”, comme lauréat du prix.

nikias dimitrios galanis nature morte avec livret et boule

La première celebration de la Journée Mondiale de la Langue Grecque du 9 fèvrier 2018, comment faut-il apprecier cette initiative?

Il s’agit d’une excellente initiative pour nous rappeler l’héritage commun qui représente la langue grecque.

Vous visitez la Grèce très souvent. Donnez-nous un aperçu sur ce que la Grèce représente pour vous comme Luxembourgeois, qui a devoué une grande partie de son activité pour la cause de la langue grecque?

Je voudrais ajouter une réflexion personnelle : à mon avis, la langue grecque est une. Elle a certes évolué pendant plus de 3000 ans depuis les tablettes mycéniennes jusqu’aujourd’hui, passant par le grec homérique, l’ionien-attique, la koinè, le grec byzantin, jusqu’au grec démotique contemporain, mais la langue parlée aujourd’hui est toujours du grec, alors que les langues romanes ne sont plus du latin ! D’où l’intérêt  d’en faire une étude diachronique !

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m.o.

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