GrèceHebdo a interviewé l’artiste visuelle grecque Despina Flessa* qui a déjà à son actif plusieurs participations aux expositions individuelles et collectives  à Athènes, à Paris et à Moscou. Elle parle de son travail, de la documenta14 et de sa participation à l’ exposition de l’UNESCO à l’ occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme.

Despina Flessa, installation view from ‘Float’, Pop/off/art Gallery, Moscow

L’UNESCO a organisé à son siège à Paris, une exposition à l’ occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. Participer à cette exposition, qu’est-ce que cela signifie pour vous?

Ce fut un grand honneur pour moi de représenter la Grèce à une organisation aussi importante et pour une cause aussi importante. La célébration de la Journée internationale de la femme ne devrait pas exister simplement comme une «fête», au risque de perdre son message politique, mais comme une journée qui a pour but d’attirer l’attention à son sujet. L’égalité des sexes ne peut être consolidée ni comme acquise ni comme consolidée une fois pour toutes. Εlle constitue l’ un des droits fondamentaux de l’ homme et même aujourd’ hui elle ne cesse d’ être menacée.

Jusqu’au 6 avril se déroulera à Moscou votre deuxième exposition. Quelle est l’interaction avec le public russe?

J’ai eu l’occasion d’exposer mon travail pour la première fois à Moscou l’été dernier dans le cadre de la Vème Biennale internationale pour jeunes artistes (5th Moscow International Biennale for Young Art). Au cours de l’exposition l’intérêt du public fut vraiment très grand et sa réaction très positive. Ensuite, on m’a proposé une exposition individuelle. Cette exposition a été inaugurée le 3 mars 2017 à la galerie Pop/Off/Art. A Moscou, se passent des choses très intéressantes et la scène artistique russe a développé des caractéristiques différentes par rapport à tout ce qu’on maîtrise en Europe. Pour moi, c’était un défi de sortir d’un environnement familier et de s’ orienter vers un monde tout-à-fait nouveau à moi.

5. Despina Flessa, Time Fold, mixed media, 2017. Courtesy of the artist and Pop/off/art Gallery

Despina Flessa, Time Fold, mixed media, 2017. Courtesy of the artist and Pop/off/art Gallery

Quant à votre projet «Sous la surface» présentée dans l’exposition «Substratum», vous utilisez le graphite pour transformer des matériaux tels que l’argile et le papier. Le résultat est de faire paraitre les matériaux légers pour plus lourdes qu’ils ne le sont. Qu’est-ce que vous cherchez dans cette transformation?

L’unité des projets «Sous la surface» fait partie d’une expérimentation qui m’a travaillé pendant un certain temps. Cette expérimentation concerne la détection de nos limites de perception par rapport à l’espace et comment cela peut être enregistré par les biais matériels. Le point de départ de mes expériences, fut le graphite: le moyen d’écriture le plus simple, c’est-à-dire le crayon. La propriété physique du graphite à savoir sa capacité de laisser ses traces  sur une surface, pourrait atteindre à un moment de rupture. Cette écriture intense, qui est le résultat des stratifications successives aboutissait à une densité qui la rendait alors illisible ou complètement modifiée. D’une certaine manière, cela indique un effort d’écriture qui «efface» son propre contenu ou une autre version de lecture qui isole ou prend au piège le contenu dans cette mince couche de matière. Ce qui m’a le plus intringé était de souligner l’ouverture à d’autres significations d’un échec après un processus rigide d’accumulation continue.

La documenta 14 doit être inaugurée en avril 2017 à Athènes. Selon vous l’organisation de cette exhibition offre des opportunités aux artistes qui vivent et travaillent à Athènes, comme vous?

La documenta14 est l’une des nombreuses choses qui se passent dans le monde des arts visuels à Athènes à l’heure actuelle. En raison de la documenta14 il y a, bien sûr, une plus forte activité, mais ces dernières années, on attribue à la scène artistique un statut élevé par rapport aux années précédentes. Je pense que la nouvelle génération de peintres a beaucoup de choses à dire voire à créer. Et peut-être cela c’est le plus essentiel par rapport à ce que l’on peut trouver dans les grandes biennales et les festivals. Même si les jeunes artistes n’auront pas une occasion immédiate (d’exposer leurs œuvres dans le cadre de la domcumenta14), le monde qui vient de l’extérieur et les Grecs eux-mêmes auront l’occasion de reconnaitre l’importance des idées et des projets qui s’élaborent en Grèce. Cette nouvelle génération a un très grand potentiel, beaucoup plus grand par rapport à d’ autres générations. Je me demande si documenta14 exploitera ce potentiel. Reste à voir quel sera l’impact d’une institution aussi importante sur la scène nationale, comment un tel événement sera assimilée, en laissant ses propres traces sur le discours artistique.

Despina Flessa, Folding Landscape, graphite print and graphite on paper, 2015. Courtesy of the artist and Zoumboulakis Galleries

Despina Flessa, Folding Landscape, graphite print and graphite on paper, 2015. Courtesy of the artist and Zoumboulakis Galleries

BIO

Despina Flessa est née à Athènes en 1986. Elle est diplômée de l’École nationale des beaux-arts d’Athènes. En 2010 elle a fait des études de peinture à “Edinburgh College of Art” et en 2015 elle a fait son Master aux arts visuels à l’École nationale des beaux-arts d’Athènes. En 2016 elle a réalisé à la galerie Zoumboulakis à Athènes sa première exposition personnelle, intitulée «Substratum».
En 2017 elle a représenté la Grèce à l’exhibition organisée par l’UNESCO suite à l’initiative de la Division pour l’Égalité des Genres.
Son exhibition individuelle sous le titre ‘Float’ se déroulera jusqu’au 6 avril 2017 dans la galerie pop / off / art gallery à Moscou.
Elle vit et travaille à Athènes.
Lire plus sur son oeuvre: Despina Flessa|Yatzer
Interview accordé à Irini Anastopoulou avec la contribution du Bureau de Presse en France.

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