Le temps était venu de dissiper 
mes rêves en ton sombre matin
et de te quitter, emportant avec moi
la joie triste de t’avoir aimé.

La Méditerranée, enjôleuse sirène
qui bat les flots autour de notre bateau,
et tous ses lys immaculés d’écume
n’ont plus lors qu’un seul but : m’emmener loin de toi.

Et lorsque nous arriverons là-bas,
la lumière impérieuse viendra m’ouvrir
les yeux au jour de triple azur
et noyer en moi ton souvenir.

Et puis ses îles se lanceront à l’assaut.
Athènes aussi ne tardera pas, je le sais.
Elle se dresseront pour combattre en moi
Paris, l’amour du péché !

Et elles voudront que j’oublie comme
mon âme s’est aussitôt livrée à toi
lorsque, sans besoin de rencontre,
j’errais par les rues, toute seule.

Mais partout je liais aisément amitié ;
comme s’ils me connaissaient, me souriaient
partout les maisons, les parcs, les églises
et quand je repassais, ils me parlaient.

Et l’on voudra que j’oublie comme
tu m’as offert une nouvelle jeunesse,
comme j’ai rencontré mon destin aussi
en errant dans tes rues, Paris !

 
Traduction: Michèle Justrabo,  “Telles des  guitares désaccordées”, édition Bruno Doucet (édition bilingue), mai 2016 (p.30) Source 
Peinture: Georgios Bouzianis,”Paysage près de Paris”,1930. source: Niklas.gr
 
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