Depuis deux jours déjà tu n’as pas ajouté au journal des nuages un seul mot
il y a deux jours un vent chaud et rouge a soufflé venant de la mer
a soufflé apportant les voix des camarades lointains
a soufflé prenant la couleur des rires de nos frères
a soufflé sur les pays de la liberté.
Viens ouvrons tout grand nos narines et buvons sa bonté comme un verre de lumière.
Arrive à nos oreilles la musique de l’été le piétinement du nouvel an à cheval.
Une petite cigale s’est prise dans nos cheveux nos poches sont pleines de roses en forme d’étoile à cinq branches.
Nous autres nous restons derrière dans cette montée haletante.
Comment y parvenir ?
Que pouvons-nous comprendre ?
Nous te quittons comme un manteau mouillé nous t’accrochons fumant dans le froid couloir de l’oubli.
Et ainsi allégés
la rumeur du vent bienveillant dans la poitrine
le regard voyageant sur les mers et les frontières
nous avançons le cœur tout droit
nous les hommes durs les hommes d’acier
et nous disons encore
que rien ne peut
l’empêcher —
la victoire est à nous.
 
 
Traduction: Michel Volkovitch
Peinture: Manolis Kalligiannis ”Golfe couvert aux nuages”
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